vendredi 30 janvier 2015

Dissertation sur le développement et l'environnement

INTRODUCTION:

La  grande  question du XX°  siècle  a été  de  savoir si  la  technologie allait  changer la  vie  des  gens , grâce aux  progrès  scientifiques et  techniques  de  notre  siècle . Nous  avons  évidemment  améliorer  notre qualité  de vie  , mais découvert  en même  temps la  fragilité de  notre environnement. Ainsi, tout le monde s'accorde à reconnaître que le développement technologie demeure pour l'homme la seule et unique voie de se réaliser pleinement et vaincre la misère. Mais on ne se lasse pas de se demander avec inquiétude croissante, si les contraintes que l'effort du développement technologie fait subir à l'environnement dans le monde n'en marqueront pas les limites.  Aussi l'humanité à axé ses efforts sur le développement au mépris total de l'environnement.  Pire encore la nature est mise d'une manière irrationnelle au service du développement surtout industriel sans scrupule. Cette question de l'environnement à su occupé ces dernières années, sous de multiples pressions le devant de la scène internationale. D'ailleurs, tout le monde est convaincu que si l'économie mondiale continue son expansion  dans sa structure actuelle, elle finira par détruire les systèmes naturels sur  lesquels elle s'appuie et elle déclinera.  En effet, cette inquiétude n'a rien de prématuré déjà de très graves problèmes se posent et appellent des solutions urgentes. Ceci nous pousse à nous demander comment concilier les risques technologiques qu'engendre le développement avec la nécessaire préservation de l'homme et de son environnement ?
Besoin impérieux, le développement économique est la base de beaucoup de dégâts environnementaux. Seuls, la sauvegarde et l'usage rationnel des ressources naturelles, mais surtout l'engagement ferme des pays industrialisés sont à même de concilier entre le développement technologique et la préservation de l'homme et  de son environnement. 
            Pour développer et argumenter cette thèse, seront étudiés successivement, l'analyse de la situation actuelle, la sauvegarde des ressources naturelles et enfin le rôle inéluctable des pays riches dans la préservation de l'environnement.

I - CONSTAT ET ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE:

Depuis le XX° siècle on a constaté que l'homme est devenu l'adversaire de la nature, ayant acquis  la capacité technologique de bouleverser l'ordre naturel des choses, il ne maîtrise plus les techniques qu'il a inventé et par conséquent plusieurs dangers menacent son existence et celle des générations futures.

11 - Dégradation et pollution de l'environnement:

En  effet, on assiste de nos jours à diverses catastrophes écologiques de l'être humain aux multinationales, les dangers causés mettent l'environnement dans une situation des plus délabré. La survenue de mégalopole où l'urbanisme est des plus concentre pour cause de croissance  démographique non contrôlés entraîne  le recul des zones naturelles et par conséquent la disparition de milliers d'espèce animale et végétale. Le nombre de voiture y est indénombrable et l'atmosphère est irrespirable, des millions  de composés chimiques  produit par les industries se trouvent dans l'air le sol et l'eau. Ces mêmes composés se concentrent  tout au long de la chaîne alimentaire et finissent  par menacer la santé animale et humaine.
          La  recherche  de l'arme  ultime a  mis  aussi le  milieu environnemental dans  une  situation d'insécurité générale , avec la  découverte de l'énergie nucléaire , l'élimination des  déchets radioactifs  provenant des usines  atomiques , de nombreux  produits résiduaires des expériences se  sont  répandus  sur  la terre , les particules radioactives sont  drainés par la  pluie , ce  qui augmente d'autant  la  radioactivité  naturelle de l'eau , ce phénomène  peut être clairement saisi dans  le milieu marin et  végétal.  
     Aussi l'invasion des produits de consommation en matière plastiques  non biodégradable cause à l'écosystème des méfaits irréversibles. En général les biens de consommation sont non seulement des ogres de matières premières, mais aussi de fervents pollueurs.

12 - L'épuisement des ressources naturelles :

         L'épuisement des ressources naturelles s'aggrave au fur et à mesure que la croissance continue, ainsi quand la quantité de poisson péché dépasse le rendement d'une zone de pêche le cheptel halieutique serait en voie d'extinction ex: Méditerranée. Il en est de même pour les forêts qui tendent à disparaître en l'espace d'une génération seulement ex : Brésil, Ethiopie où après le déboisement aucune opération de plantation n'est faite.   En effet depuis quelques décennies la déforestation prend des propositions alarmantes.
          De même que l'exploitation irrationnelle des eaux potables rend cette dernière comme véritable "arme" du siècle, l'utilisation abusive de pesticides et engrais contamine gravement les eaux de surface et souterraine. Aussi l'exploitation exagérée des ressources minières continue à détériorer le sol et le sous sol dans les Pays en  voie  de  développement  et la consommation minière à battre son plein.
         Gandhi  concluait : " Nous  nous rendons compte  que  , plus  l'homme aspire à la  possession de  biens matériels , plus il  est  insatisfait . Donc , l'amélioration du  niveau  de  vie doit  être obtenue sans priver les peuples de  leur  héritage  et  sans  dépouiller la  nature  de  sa  beauté , de  sa  fraîcheur et  de  sa  pureté si essentielles à notre  existence".

13 - Effet de serre et dégradation de l'atmosphère :

L'utilisation de combustibles fossiles tel que le pétrole, le charbon et autres a quadruplé ces dernières années entraînant de fortes concentrations de gaz carbonique dans l'atmosphère.     
Partant de là, une augmentation des températures aux conséquences dramatiques, sous forme d'effet de serre pèsent lourdement sur la planète, des catastrophes naturelles se multiplient de plus en plus et deviennent plus dangereuses à chaque fois. Sans oublier l'effet dévastateur des pluies acides qui sont aussi une conséquence de l'utilisation des combustibles fossiles, elles sont provoquées par les rejets des déchets toxiques dans l'atmosphère, où ils se transforment en acides et  reviennent sur terre avec la pluie, la neige  en causant des dégâts importants à la flore et à la faune.
Face à cette situation dramatique, l'Europe s'engage à réduire ses émissions de 10% voire de 15% d'ici l'an 2010 (protocole Kyoto 1997), en revanche d'autres pays traînent les pieds et refusent d'assurer leur responsabilité, avec pour arme principale, le principe de permis d'émission (droit de polluer ex: les USA), une telle logique risque de se retourner contre la préservation de l'écosystème voir la planète. Ainsi donc, face à cette situation dégradante de l'environnement, la conciliation entre le développement et la sauvegarde du patrimoine écologique passe par la préservation et l'utilisation rationnelle des ressources naturelles.  

II - NÉCESSITÉ DE SAUVEGARDER LES RESSOURCES NATURELLES :         

            Du fait de cette dégradation alarmante de notre patrimoine écologique, la mise en place d'un système "d'écotaxe", l'usage rationnel des ressources naturelles et l'utilisation des énergies renouvelables sont les volets  prioritaires sur les quels doivent être concentrés les efforts de tout les pays pour concilier l'humanité avec  ce danger imminent.

21- Instauration d'un système de contrôle adéquat :

Les mesures laxistes prises jusqu'aujourd'hui lors des différentes conférences sur l'environnement n'ont donné que des résultats très  mitigés. Aussi, les pollueurs continuent et sans aucune limitation ni restriction à souiller et à dégrader notre patrimoine écologique. Il est devenu donc nécessaire et urgent de faire face à cette conduite irresponsable, par l'instauration d'un système "d'écotaxe" c'est à dire faire payer les pollueurs à hauteur des coûts à des inconvénients qu'ils occasionnent à la collectivité.
Ainsi, sous l'égide d'un organisme supranational et le contrôle strict  des gouvernements les écotaxes auront un double avantage. D'une part :Ils vont responsabiliser individuellement les pollueurs ,qui vont se trouver obligés de chercher des solutions pour réduire les quantités de déchets rejetées par leurs industries et d'autre part :Ils vont dégager des ressources considérables pour la collectivité, ressources qui, par exemple, seront utilisées pour financer des investissements ,telle que la recherche scientifique pour la lutte contre la pollution, le reboisement des forêts, le traitement des eaux ...etc.

22 - L'usage rationnel des ressources naturelles :

Parallèlement à ce système d'écotaxe, l'usage rationnel des ressources naturelles se pose comme obligation incontournable pour ralentir l'exploitation sauvage et démesurée de notre patrimoine écologique. L'humanité doit donc faire remplacer sa culture "consommatique" par un mode de vie moins matérialiste et beaucoup plus compréhensif pour  l'environnement, et réorganiser rapidement et profondément son mode de production et de consommation. En récurrence les pays riches doivent renoncer à l'essentiel du confort que leur apporte le capitalisme et les pays pauvres de leur coté ne plus chercher à rattraper quel qu'en soit le prix, le niveau des pays développés.
Aussi, la haute technologie doit être mise en service de l'humanité , pour permettre de   lutter efficacement contre le gaspillage comme par exemple la mise en place de bâtiments qui consomment deux fois moins d'énergie, des appareils plus sobres en collectivité, des voitures à1,5 litres le 100 KM, la réutilisation des emballages, la fabrication des mobiliers à utilisation durable et un ensemble d'autres exemples qui vont contribuer à réduire le poids de l'influence de l'homme sur la planète et à une utilisation raisonnable de nos matières premières et énergétiques.
Comme l'a été souligné dans le constat l'émission du carbone à effet de serre contribue largement au déséquilibre climatique, ces émanations toxiques proviennent généralement d'énergies fossiles  comme le pétrole et le charbon qui  sont les principaux moteurs du développement.

23 - Recherche et utilisation des énergies renouvelables :

L'emploi d'énergie renouvelable à une échelle mondiale serait un compromis entre ces deux antagonistes qui sont le développement et la protection de l'environnement. Le principal qualificatif de ces énergies renouvelables est la propreté;  Autre avantage de taille c'est leur disponibilité de leur pérennité, ainsi l'énergie éolienne, l'énergie des marrées ou l'énergie solaire existent pratiquement dans toutes les parties du globe, et elles ne sont pas prêtes à disparaître. Par ailleurs, les techniques requises pour exploiter ces énergies renouvelables montrent leur fiabilité, on peut les classer entre deux catégories:     
La première, des techniques maîtrisables par bon nombre de pays comme l'hydroélectricité, l'énergie éolienne, solaire ,biocombustible et biocarburant comme c'est le cas du Brésil qui à opté pour l'alcool de canne à sucres comme carburant des véhicules de transport urbain.
La deuxième catégorie reste pour l’instant au stade expérimental comme l’exploitation des énergies de marrée.
En effet, au niveau national, l’installation du complexe « Koudia el baida » installée a Tétouan démontre clairement la faisabilité et la fiabilité de ces énergies propres, qui  sont capables de délivrer assez d’énergie pour satisfaire une ville de taille moyenne. L’aboutissement de ces projets pilote et la généralisation des énergies renouvelables permettraient certainement de diminuer les effets néfastes des énergies fossiles sur l’environnement tout en gardant un développement durable. Ainsi donc, si l'utilisation rationnelle des ressources naturelles est un moyen pour concilier entre le développement et la préservation de l’environnement, il n’en demeure pas moins que les pays industrialisés ont un rôle important à jouer.

III - RÔLE INÉLUCTABLE DES PAYS RICHES DANS LA CONCILIATION ENTRE CES DEUX DIMENSIONS

La mise en place d’un programme qui identifie l’ensemble des actions ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour la conciliation entre ces deux dimensions, dans le cadre d’un développement durable devient une obligation pour les pays riches, ceci nécessite donc l'élaboration de mécanismes rodés et d’une coopération rationnelle, généreuse et surtout durable.

31 - L'instauration d'une coopération rationnelle :

Rationnelle, d'abord en identifiant la pauvreté comme un des causes fondamentales de la dégradation de l'écosystème dans les PVD, il importe que les pays riches leur apportent une Assistance multiforme. Dans ce  sens on  peut citer la collaboration  très et étroite  du CANADA avec la CHINE par le transfert de technologie en matière de veille  de l'atmosphère. Cette coopération ne doit pas l'interdire aux pays pauvres  de chercher à rattraper les pays de développer  au contraire, il faut mettre en œuvre un soutien suffisant pour permettre au pays en vois de développement de continuer à s'accroître notamment pour diminuer  les inégalités  mondiales, et en allégeant notablement la pression sur l'environnement.
Rationnelle en sensibilisant les décideurs sur la fragilité de l’environnement en les amenant à faire intégrer la composante environnementale dans le processus de développement programmé dans leur pays «protocole de KYOTO 1997 ».Mais cette rationalité ne peut avoir de sens sans un apport en moyens financiers et technologiques  des plus riches vers les plus pauvres, et sans l’instauration d’une coopération NORD-SUD qui tient dûment compte de cette dimension. De même que le fond pour l’environnement mondial  (FEM) crée lors du sommet de RIO 1992 doit  continuer de financer les projets portant sur les changements climatiques, la biodiversité et les substances qui dégradent le patrimoine écologique.

32 - Une coopération généreuse pour le bien de tous :

Généreuse en mettant à profit au niveau régional et internationales expériences qui ont réussi et qui peuvent constituer un rempart contre toute forme de dégradation de la nature. Cette générosité peut s’exprimer également par la mobilisation d’experts pour contribuer à la conception et au montage de scénarios économico-socio-écologiques capables de répondre au double souci du développement souhaité et la préservation de l’environnement dans les pays en voie de développement (PVD).
La générosité se traduit dans ce domaine par la mobilisation de fonds que seuls les pays riches ont la capacité d’attribuer, le seul justificatif  que l’on peut invoquer pour motiver la justesse de cette action, consiste dans le fait que les pays riches sont les plus polluants, les plus agressifs à l’égard de la nature et les plus grands contribuables à l’action passive.
Donc, l'engagement financier et technique des pays industrialisés et surtout leur aide aux PVD, peuvent contribuer  largement à l'établissement d'un compromis entre le développement technologique et la protection de notre planète.

33 - Une  coopération    durable  et  efficace :


Une coopération efficace et durable, en maîtrisant à tous les instants les déchets les plus dangereux, soit parce qu’ils contiennent des éléments polluants (chrome ; mercure ; arsenic….) soit en raison de leur propriétés (écotoxique ;  inflammable ; explosif ….). La durée doit se manifester par la réduction à la source, en favorisant les technologies propres et économes des matières premières et des énergies, en valorisant au maximum les possibilités de recyclage.
Durable en définissant des genres et modes de vie compatible tant avec une amélioration du sort de la majeure partie de l’humanité qu’avec la sauvegarde des éléments essentiels à la pérennité de la vie sur terre. Ceci impliquera en particulier :
Une révolution énergétique :
-       Économiser l'énergie.
-       Améliorer l'efficacité énergétique.
-       Développer des ressources d'énergie non polluante.
Un recyclage et une réutilisation : L'élimination des déchets pose des problèmes croissants, mais réutiliser des produits et recycler des matières premières offrent deux avantages :
-       Réduire le volume des déchets.
-       Diminuer les consommations d'énergies.
 Cependant, l’idée de constituer une agence de surveillance de l’environnement du globe devrais être mise en place et activée sous l’égide de l’ ONU avec l’aide des superpuissances  ,qui disposent de satellites puissants capables d’enregistrer toute transformation intervenant dans le milieu terrestre ou dans l’atmosphère , avec les conséquences climatiques qui peuvent en découler, pour prévenir les  futures catastrophes naturelles  .Tout en ayant le pouvoir  de sanction contre les contrevenants grâce a ces propres corps de contrôle dans le cadrer d'un règlement international.
Ainsi donc, conscients des dégâts et des dangers qui menacent la planète, les pays riches ne doivent pas manquer d’œuvrer pour chercher et définir les moyens les mieux adéquats, les plus appropriés pour concilier entre les risques dus au développement et la sauvegarde de notre environnement.

CONCLUSION:

En somme, la situation actuelle démontre que malgré tous  les efforts entrepris jusqu'à lors de part le monde (conférence ;  sommet …) n’ont pas encore pu freiner la pollution de l’environnement qui continue à se dégrader de plus en plus au prix d’un développement profitable à l’être humain.  La conciliation entre ces deux dimensions doit certes s’appuyer sur la sauvegarde et l’usage rationnel des ressources naturelles, mais surtout la contribution financière et technique réelle des pays riches.
Il appartient donc au Nord, à l’Ouest, à l’est et au sud de relever ensembles le formidable défi de concilier le développement technologique avec l’environnement, condition de la survie de l'humanité car « nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres mais nous l’empruntant à nos enfants ».

      




jeudi 29 janvier 2015

Dissertation sur l'eau

INTRODUCTION:
L’eau semble abondante à l’échelle de la planète, mais son inégale répartition est à l’origine de situations de difficultés d’approvisionnement, voire de pénurie de plus en plus fréquentes à travers le monde. On songe au Moyen-Orient, où la question du partage des ressources en eau est un des chapitres majeurs des négociations entre l’autorité palestinienne et le gouvernement israélien; mais la gestion de l’eau est problématique aussi dans certaines régions de l’Inde, de l’Asie du Sud-Est, des Etats-Unis et d’Europe. Certains analystes prédisent que les tensions associées à ces pénuries déboucheront sur des conflits.
Si peu de conflits ont ouvertement débuté du fait de disputes sur l’appropriation de réserves d’eau, la raréfaction de cette ressource essentielle est à l’origine de nombreuses tensions entre voisins de par le monde.
Dès 1985, les services de renseignements américains estimaient que l’eau pouvait être le catalyseur d’un conflit armé dans au moins 10 endroits différents, essentiellement au Moyen-Orient, mais aussi en Afrique et en Asie. Le problème de l’eau est désormais une affaire mondiale que les nations unies se doivent de prendre en charge. Selon M. Wally N’Dow, secrétaire général de la seconde Conférence des Nations Unies sur les Villes, tenue en 1996, l’eau « pourrait être un facteur de déclenchement de conflit, comme le pétrole l’était dans le passé ».
La population mondiale a plus que doublé de 1950 à 2000, passant de 2,5 à 6 milliards d’habitants, mais la consommation d’eau globale a quadruplé sur la même période, pour s’élever à environ 761 m³ par an et par personne. La planète bleue dont plus des 2/3 de la superficie est constituée de l ‘eau des océans dispose aussi d’une quantité d’eau souterraine non renouvelable  dite « eau fossile » en plus des inestimables gisements de la calotte glacière. Les eaux de surface ‘lac et rivière’ ainsi que celle des nappes phréatiques peu profondes se renouvellent par les eaux de pluie et les neiges selon un cycle  climatique plus au moins régulier.
L’eau douce est abondante : les quantités disponibles sur terre s’élèvent à 7685 m³ par an et par personne. Pourtant, c’est à une multiplication des situations de crise liées au manque d’eau que l’on assiste. La principale cause de cette évolution réside dans la très inégale répartition des ressources en eau, inégale répartition que viennent aggraver deux autres facteurs : la pression démographique qui impose de mettre en valeur des terres de moins en moins productives dans des régions qui demandent un apport en irrigation croissant, d’une part , et l’accroissement rapide de la consommation par habitant dès lors que s’élève le niveau de vie, d’autre part. Ce sont là aussi les principaux facteurs de tension : tout d’abord, les différences notables de niveau de consommation de l’eau sur un même bassin, différences issues de rapports de force ou de niveaux de développement socio-économique, et ensuite, la nécessité, face à des populations en rapide augmentation, de s’assurer d’un approvisionnement en eau constant et garanti sur la longue durée, concourent à rendre âpres les négociations sur le partage d’une ressource de plus en plus perçue comme cruciale pour la sécurité de certains pays. Un marché mondial de l’eau apportera - t-il des solutions aux crises actuelles et futures? Certains pays, comme le Groenland, y voient un moyen de développer l’économie locale. Pour autant, va-t-elle prendre une place équivalente à celle qu’occupe le pétrole au siècle qui commence?

        Certes, la ressource vitale de l’humanité est devenue un bien économique et un enjeu stratégique de taille. Cependant, bien qu’elle soit convoitée par les grandes multinationales à l’instar de l’or noir, il n’en demeure pas moins qu’elle est aussi un bien de l’humanité qu’il s’agit de préserver par un consensus régional, voire mondial impliquant le public, le privé, les populations et les organisations non gouvernementales.

            Pour s’en convaincre, l’étude portera sur les enjeux de l’eau et les risques majeurs qui peuvent en résulter du fait de la situation précaire actuelle, sur les timides débuts d’une commercialisation de l’eau à l’échelle mondiale comme alternative de régulation et son impact sur la société avant de se rendre à l’évidence et à  la réalité d’un bien de l’humanité qu’il s’agit de préserver et enfin, sur  la nécessité d’un consensus autour de l’eau et l’ensemble des mesures à même  de prévenir une situation de stress hydrique.
I - L'EAU: UN ENJEU STRATÉGIQUE DE TAILLE:
L’eau est une ressource naturelle indispensable et l’un des principaux facteurs de développement ; son inégale répartition, la tendance  à sa raréfaction et la demande mondiale de plus en plus croissance sont les éléments qui ont fait de cette ressource vitale  un enjeu stratégique de taille.
11 - Enjeu politico-économique important:
             En effet, environ 80 pays, représentant près de 40 % de la population mondiale, font face à des pénuries d’eau chroniques. Les experts de la FAO évaluent à 2000 m³ d’eau par an et par personne le seuil au-delà duquel l’eau est considérée comme abondante, et à 1000 m³ le seuil critique en deçà duquel l’approvisionnement est remis en cause. Or, ce seuil de 1000 m³, une trentaine de pays totalisant un peu plus de 300 millions d’habitants, ne l’atteindront pas en l’an 2002. Une évolution inquiétante s’esquisse si l’on établit des projections de consommation  basées sur les taux d’accroissement démographique actuels : 

Aussi, l’agriculture consomme près de 70 % de l’eau dans le monde, mais 90 % dans les pays en voie de développement. Les climats arides ou semi-arides imposent le recours à l’irrigation pour la plupart des cultures, mais la nécessité d’accroître les rendements du fait de la pression démographique renforce également l’attrait de cette technique. Or, dans la plupart des pays en voie de développement, ce sont encore des techniques traditionnelles d’irrigation gravitaire qui sont utilisées, et dont le taux d’efficacité, c’est à dire la part qui est effectivement absorbée par les plantes, se situe à moins de 45 %. Les techniques d’amélioration des rendements (goutte à goutte, canalisations enterrées sous pression à micro-pores...) impliquent des investissements très élevés que les agriculteurs ont rarement les moyens de financer. De fait, en règle générale, plus le pays est pauvre et plus il consomme d’eau pour irriguer ; les pays du tiers-monde utilisent deux fois plus d’eau par hectare que les pays industrialisés pour une production agricole trois fois inférieure, en valeur.
Cette prégnance de la nécessité agricole conduit parfois, lorsque les objectifs politiques
s’y mêlent, à des décisions qui menacent la pérennité du développement à moyen terme. Ainsi, l’Arabie Saoudite pompe des eaux fossiles pour satisfaire plus de 75 % de ses besoins en eau, et ce taux augmente rapidement du fait d’une politique délibérée d’encouragement à la culture du blé dans le désert. Cette politique agricole permit au royaume de devenir autosuffisant en 1984, puis de devenir l’un des principaux exportateurs mondiaux. Mais, au rythme de pompage actuel, et en supposant que 80 % des réserves d’eau puissent être exploitées, les gisements seront taris dans 50 ans. Au rythme plus rapide actuel, le tarissement interviendrait beaucoup plus tôt.
Cette politique saoudienne souligne un autre point qui exacerbera, à moyen terme, les tensions portant sur le partage de l’eau. Compte tenu de la vitesse d’accroissement de la consommation en eau, de nombreux pays sont confrontés à l’obligation d’exploiter des ressources non-renouvelables ou d’exploiter leurs ressources à un rythme plus rapide que leur renouvellement.
Le problème majeur des déficits en eau qui en résulte réside dans la surexploitation des ressources et dans leur caractère cumulatif : ainsi, par exemple pour Israël, la ressource même devrait être de 15 % inférieure au niveau actuel en 2015. 
Les tensions émanant de la rareté de l’eau sont avivées avec la disparité patente dans les niveaux de consommation entre deux groupes. Ainsi, si le citoyen américain consommait 560 litres par jour en 1997 pour ses besoins domestiques, ce niveau s’établissait à 750 litres à El Paso (Texas), dont plus de 50 % pour des usages de loisirs comme les piscines et les jardins ; de l’autre côté de la frontière, à Ciudad Juarez, la consommation quotidienne ne s’élève qu’à 285 litres. De même, dans les Territoires occupés de Cisjordanie, un colon israélien consomme 260 litres par jour contre 70 litres pour un Palestinien.
12 - L'eau au cœur de nombreux litiges:
L’eau et le partage de l’eau apparaissent de plus en plus tant comme des motifs de guerre que comme des enjeux politiques d’une importance croissante, du fait de la mauvaise répartition de la ressource, mais aussi de la nécessité de garantir un approvisionnement au moins constant, sinon en augmentation, afin de garantir l’avenir de populations en expansion encore rapide. Les ressources hydriques apparaissent donc comme un facteur de tension international, mais aussi à l’intérieur des états.
12.1- L'eau est une arme:
           Matière indispensable et difficilement contrôlable, les sources d’approvisionnement en eau ont toujours été la cible des belligérants car non seulement un pays cherche à créer une situation de crise interne chez son  adversaire mais surtout,  à étendre sa souveraineté sur les ressources dont il pourrait dépendre et de garantir ainsi une certaine autonomie.
En 1996, lors du raid israélien au Liban, les objectifs de certains bombardements, visaient spécifiquement les canalisations et les citernes d’eau, violant ainsi le  protocole additionnel de 1977 à la Convention de Genève. Dans le même cadre, au cours des escarmouches et des guerres israélo-arabes, les canaux et les barrages ont souvent été la cible des protagonistes.

Les plans de guerre de Singapour contre la Malaisie, avec laquelle les relations sont toujours très difficiles malgré leur relation officiellement pacifique depuis 30 ans au sein de l’ASEAN, prévoient la pénétration du territoire malaysien sur 80 km, essentiellement pour se donner de la profondeur stratégique, et garantir l’approvisionnement en eau.
L’approvisionnement de la petite république provient, en effet, pour près de 50 % de la Malaisie, et les ressources actuelles commencent à se révéler insuffisantes face à une demande croissante. Outre des relations plus ou moins amicales avec Kuala Lumpur, ce qui préoccupe les autorités de Singapour est essentiellement la rapide industrialisation et l’accroissement du niveau de vie en Malaisie, qui impliquent une plus forte consommation, et donc moins de ressources disponibles à livrer.
Pendant la guerre en Bosnie, la majeure partie des ressources hydriques qui alimentaient Sarajevo assiégée se situaient en zone serbe, dans les champs de puits de Bacevo. Selon leur humeur, les Serbes coupaient l’électricité de la station de pompage, avec pour effet immédiat l’arrêt de la distribution de l’eau.
12.2- De sérieux contentieux entre états voisins:
Aujourd’hui, le conflit sur l’eau le plus criant est celui concernant le partage des eaux du bassin du Jourdain. Dans cette région, où la tension est très forte depuis la déclaration d’indépendance d’Israël en 1948, l’eau fait partie intégrante du conflit et était au cœur du processus de négociation qui a abouti aux accords d’Oslo en 1993. Déjà en 1919, à l’issue de la déclaration Balfour, le président de l’Organisation sioniste mondiale, Chaim Weizmann, a adressé une lettre au Premier ministre britannique, David Lloyd George, dans laquelle il affirme que « tout l’avenir économique de la Palestine dépend de son approvisionnement en eau [...] Nous considérons qu’il est essentiel que la frontière nord de la Palestine englobe la vallée du Litani sur une distance de près de 25 miles, ainsi que les flancs ouest et sud du mont Hermon. » Weizmann ajoutait : « En ce qui concerne la frontière nord, l’objectif premier était d’ordre économique. En 1965, le Premier ministre israélien, Levi Eshkol, avait déclaré qu’ « Israël pourrait être amené à se battre pour son eau ». Encore en 1992, Shimon Peres déclarait qu’ « Israël avait plus besoin d’eau que de terre ».
 Lorsque Israël déclencha la guerre des Six Jours de 1967, un des objectifs militaires prioritaires était d’assurer l’approvisionnement en eau du pays : la Syrie avait entrepris de barrer deux affluents du Jourdain sur les hauteurs du Golan. Les conquêtes israéliennes changèrent complètement la situation hydraulique de la région : Israël avait augmenté son accès au Jourdain et au Yarmouk, contrôlait les sources de nombreux affluents du Jourdain, et avait pris le contrôle des nappes de Cisjordanie. Aujourd’hui, près de 40 % de l’eau israélienne provient des deux territoires, occupés pendant la guerre, le Golan et la Cisjordanie, dont un tiers du seul Golan.
Les négociations de paix butent toujours sur le même obstacle : la part de la Cisjordanie que le gouvernement israélien accepte de ne plus contrôler, avec l’accès aux nappes phréatiques et aux cours d’eau que cette autonomie territoriale suppose ; et le contrôle des nombreux affluents du Jourdain qui prennent leur source sur les hauteurs du Golan. Dernier avatar de cette prégnance de la question de l’eau dans les négociations : le projet que le gouvernement israélien a finalisé au printemps 1998 prévoit l’annexion pure et simple d’une bande de 20 km de profondeur, le long du Jourdain, ce qui isolerait les hauteurs de la Cisjordanie de tout accès au fleuve. La question de l’eau empoisonne les relations entre Palestiniens et Israéliens au quotidien : les Palestiniens sont facturés au prix de l’eau potable pour leur eau agricole, et non les colons juifs ; les Palestiniens doivent obtenir une autorisation spéciale pour creuser tout nouveau puit des autorités militaires israéliennes ; les puits palestiniens mesurent 70 m en moyenne, contre 350 m pour les puits des colons. De même, les terres dont l’autonomie, totale ou partielle, est reconnue aujourd’hui par le gouvernement israélien au titre des accords d’Oslo, sont en général situées sur les hauteurs calcaires de la montagne cisjordanienne, où la difficulté d’accès à l’eau nécessite de creuser de profonds puits pour atteindre la nappe phréatique. Inversement, la bande de 20 km que le gouvernement israélien envisage d’annexer occupe l’ensemble des basses terres de la vallée du Jourdain. La perception aiguë du besoin en eau pour la sécurité d’Israël a conduit l’État hébreu à envisager d’exploiter les eaux du Litani ; on le sait de par la déclaration de M. Weizmann, cité ci-dessus ; on a pu l’observer à travers le comportement de l’armée israélienne au Liban, occupé à la suite de la guerre de 1982 contre l’OLP et la Syrie. Les autorités israéliennes ont interdit aux agriculteurs libanais de construire de nouveaux puits ; la région de Château Beaufort, lieu où Israël peut détourner facilement des eaux du Litani, est zone militaire interdite. Si le gouvernement israélien n’a pas encore donné son feu vert pour cette opération, c’est parce que la sécurité d’Israël en eau n’est pas compromise au point que la réalisation d’un aqueduc en provenance du Litani compense l’échec certain des négociations de paix que cette décision entraînerait.
Le Nil est également au cœur d’un grave conflit sur le partage de ses eaux. Puissance dominante du bassin du fleuve, l’Égypte a signé des accords avec ses voisins du sud pour lui garantir l’essentiel du flux d’eau : 95 % de l’eau égyptienne provient de l’extérieur de ses frontières.
Avec une démographie galopante et une surface agricole utile très réduite, l’Égypte a montré des signes très nets d’agressivité dès que le Soudan ou l’Éthiopie, que drainent les affluents du Nil, ont laissé paraître une volonté d’exploitation de leurs ressources en eau. En 1979, le président Sadate a affirmé que le « le seul facteur qui pourrait déclencher l’entrée en guerre de l’Égypte est l’eau », tandis que le ministre des Affaires étrangères égyptien, M. Boutros Boutros-Ghali a, par une petite phrase désormais célèbre, résumé clairement la position de son pays en 1987, en soulignant que « la prochaine guerre dans la région [serait] sur les eaux du Nil ». Le traité de 1959 entre l’Égypte et le Soudan, signé peu après une période de quasi conflit armé, régit le partage des eaux du Nil entre les deux pays et attribue 55,5 milliards m³ par an à l’Égypte et 18,5 milliards m³ au Soudan. Mais l’Éthiopie, confrontée à la nécessité de la reconstruction de son économie après la guerre civile et à une augmentation très rapide de sa population, qui devrait passer de 54 millions d’habitants en 1992 à 94 millions en 2010, rejette les clauses du traité égypto-soudanais dont elle n’est pas partie prenante. Les plans de développement économique de l’Éthiopie prévoient la construction de près de 36 barrages, ce qui inquiète considérablement Le Caire, puisque le Nil bleu, qui draine le territoire éthiopien, représente 80 % du débit total du Nil. Les relations avec Addis Abeba se sont rapidement détériorées lorsqu’il est apparu que l’Éthiopie entendait aller de l’avant avec son programme de mise en valeur du Nil bleu, et notamment lorsqu’un projet d’irrigation important, « Tana Beles », destiné à bonifier les terres du Ouollo et du Tigré, fut connu du Caire en 1987.
Si la Syrie a été la première à vouloir contrôler le débit de l’Euphrate pour mieux en exploiter les eaux, construisant en 1974 un barrage à Tabqa qui failli être l’objet d’un conflit avec l’Irak, la Turquie aménage, depuis 1980, de nombreux barrages et ouvrages de dérivation sur les cours de l’Euphrate et du Tigre qui traversent l’Anatolie, dans le cadre du projet GAP - Guneydogou Anadolou Projesi, lequel prévoit sept projets sur l’Euphrate et six sur le Tigre, pour un total de 21 barrages. En janvier 1990, le plus gros ouvrage, le barrage Atatürk, a été achevé. Or, si Ankara réalisait la totalité des prélèvements et des retenues qu’elle projette de faire, le débit de l’Euphrate restant à la disposition de la Syrie serait vraisemblablement réduit de 30 à 40 %, et, après le passage de la Syrie, le débit restant à l’Irak ne serait plus qu’un quart de ce qu’il est en ce moment. La Syrie serait alors confrontée à un grave problème, puisque sa politique de développement agricole suppose de porter sa surface irriguée de 863 000 ha à 1,4 millions en 2010, objectif que le débit prévu de l’Euphrate rend pratiquement impossible à atteindre. Confrontée à une baisse trop radicale du débit de l’Euphrate, Damas serait tentée d’augmenter ses prélèvements dans le Yarmouk, ce qui déclencherait une vive réaction de la Jordanie et d’Israël. En 1990, la Syrie et la Turquie ont menacé d’en venir aux armes pour régler leur profond différend. De même, l’Irak serait confronté à une situation agricole très difficile si la Turquie menait à bien l’ensemble de ses projets : avec le débit de l’Euphrate à sa sortie de Syrie réduit des trois-quarts, le pays ne pourrait alimenter que 37 % des surfaces irriguées en 1990. 
En Asie centrale, c’est l’eau qui, de plus en plus, sera au cœur des différends entre les pays de la région. Avec l’arrêt des subsides versés par l’ex-Union soviétique, les économies de ces pays demeurent très fragiles et dépendantes de leurs exportations. Or, les républiques d’Asie centrale, en particulier l’Ouzbékistan, avaient largement misé, dans les années 1960, sur la culture du coton, fortement consommatrice d’eau. Ce sont, en grande partie, les très grandes quantités d’eau nécessaires à l’irrigation de ces cultures industrielles qui seraient à l’origine de la disparition progressive de la mer d’Aral. Or, les quantités d’eau, déjà très importantes, qui sont prélevées pour l’agriculture, ne suffisent plus à maintenir les rendements actuels : près d’un quart des terres irriguées de l’Ouzbékistan ne reçoivent plus que 70% de l’eau dont le coton a besoin. Qui plus est, il y a peu de place pour une amélioration du rendement de cette eau, car la culture du coton ouzbek est déjà relativement efficace. 
La plaine du nord de la Chine est confrontée à un grave problème de diminution de la ressource en eau. Depuis 1995, la demande à Pékin est supérieure à la capacité du réseau. De nombreux scientifiques ont prévenu le gouvernement que, faute d’un système de rationnement mis en place rapidement, le fleuve Jaune risquait de s’assécher durablement dans les prochaines années : Dans son cours inférieur, le fleuve était à sec pendant 7 jours sur 150 km en 1980, mais cette période de fort étiage s’est maintenue pendant 53 jours sur 300 km en 1990, pendant 136 jours en 1996 et 226 jours en 1997 sur 700 km, bouleversant les systèmes d’approvisionnement en eau des localités, des industries et des surfaces agricoles irriguées. Le Yangze, avant même que le barrage des Trois Gorges ne soit en cours de remplissage, accusait déjà un déficit en eau de 15 % en 1997. Selon le vice-président du Comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire, M. Wang Bingqian, la Chine souffrira très vraisemblablement d’une grave crise de l’eau dans la première moitié du XXI ème siècle. Le gouvernement a prévu de grands travaux de dérivation en provenance de la Chine centrale, mais la capacité supplémentaire ainsi fournie ne sera pas longtemps suffisante face au rythme actuel de l’augmentation de la demande. Afin de faire face à une grave pénurie qui se dessine, il est vraisemblable que le gouvernement chinois envisagera des négociations avec la Mongolie et la Russie pour obtenir des transferts durables d’eau, mais il n’est pas certain, compte tenu des rapports ambigus entre la Chine et les autorités russes dès que des questions territoriales sont abordées, que Pékin obtienne gain de cause rapidement.
12.3- à l’intérieur des états aussi:
En Californie, la demande en augmentation constante se heurte à la difficulté croissante de maintenir l’approvisionnement à son niveau actuel. L’eau des fleuves (Colorado, San Joaquin, Owens) est en grande partie pompée, ce qui contribue à l’assèchement du Colorado qui n’est plus qu’un mince filet d’eau lorsqu’il franchit la frontière mexicaine, une situation au cœur d’un litige entre les États-Unis et le Mexique. Les nappes phréatiques sont surexploitées. Contribuant à compliquer la question, des héritages historiques font que certaines régions de l’État, comme la vallée Impériale, à l’est de San Diego, disposent de larges quantités d’eau, tandis que d’autres doivent imposer des rationnements périodiques. Bien que l’agriculture contribue à hauteur de 10% du produit intérieur brut de la Californie, le secteur consomme plus de 80 % de l’eau de l’État tout en étant facturé moins cher du mètre cube que les consommateurs urbains, mais les agriculteurs se sont organisés en solide groupe de pression pour maintenir leurs droits d’accès à la ressource. La réaction initiale des autorités californiennes a été de pomper davantage d’eau dans le Colorado, ce qui a fortement déplu aux autorités de l’Arizona, et de détourner quelques rivières des montagnes du Nevada voisin. Devant l’ampleur que prenait la dispute entre États, d’une part, et d’autre part au sein même de la Californie (citadins de Los Angeles et de San Diego, agriculteurs, industriels, écologistes), en décembre 1997, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Bruce Babbitt, a intimé aux autorités californiennes de se limiter aux 5,74 milliards de m³ que l’Etat est autorisé à pomper dans le Colorado annuellement en vertu de l’accord sur le bassin du Colorado de 1922, au lieu des 6,78 milliards qui étaient effectivement prélevés. M. Babbitt autorisait, le même jour, les ventes d’eau entre États, autorisant ainsi l’Arizona à transférer de l’eau au Nevada, une mesure qui a rendu furieux le gouvernement californien, qui y voit la preuve que l’Arizona disposait de l’eau dont il avait besoin.
13 - Paramètre de la géopolitique locale:
Pour autant que puissent être pressants les besoins en eau des pays impliqués dans des litiges sur le partage de l’eau, qu’il s’agisse d’arbitrage sur la répartition entre groupes d’utilisateurs dans des pays occidentaux, d’irrigation pour mettre en valeur de nouvelles terres et nourrir une population en rapide augmentation, ou de mise en valeur d’un potentiel énergétique, c’est tout un éventail de réactions possibles qui caractérise ces situations de litige sur l’eau, qui vont des relations harmonieuses à la guerre ouverte, en passant par le recours à des mécanismes institutionnels, informels, par la tension interétatique, l’action diplomatique, le litige ouvert et le conflit armé.
De même, il est difficile d’établir une règle générale sur l’évolution des conflits au sein des groupes d’Etats riverains. Ainsi, l’Égypte, pays en aval, a-t-elle pu, jusqu’à présent, faire prévaloir ses vues sur le partage du Nil, bien que sa situation géographique la rende plus vulnérable, quitte à menacer ses voisins d’intervention militaire, comme contre l’Éthiopie en 1978, ou contre le Soudan en 1995; à l’inverse, la Turquie a vu sa prééminence militaire sur la Syrie et l’Irak renforcée par sa position d’amont sur le Tigre et l’Euphrate. Ces divers degrés dans le conflit soulignent deux éléments importants : tout d’abord, une crise, aussi aiguë soit-elle, dans le partage de l’eau, ne débouche pas nécessairement sur un conflit. Ensuite, l’eau n’est jamais un facteur unique dans le développement d’une situation conflictuelle : rivalités anciennes, objectifs politiques et stratégiques, querelles nationalistes, perception plus ou moins légitime du degré de la menace participent à la naissance et au développement de la tension.
Ainsi, il est évident que la querelle opposant l’Inde et le Pakistan, à la fin des années 1950, sur le partage des eaux de l’Indus, a été considérablement attisée par la rivalité qui opposait les deux États. De même, la décision égyptienne de construire le barrage d’Assouan, qui a contribué à aviver la tension entre Le Caire et Khartoum à la fin des années 1950, correspondait-elle à la volonté d’asseoir une prééminence régionale qui s’est également traduite par les projets de République Arabe Unie et par l’intervention égyptienne au Yémen. Inversement, la position éthiopienne est d’autant plus ferme qu’Addis Abeba se sent soutenue par Washington et surtout par Israël, dans le cadre d’une stratégie que l’Egypte perçoit comme visant à la contenir en soutenant ses adversaires régionaux. L’Égypte a conçu de nombreux projets d’intervention militaire contre l’Éthiopie (plan AIDA) ou contre le Soudan (plan Crocodile). Inquiète des projets soudanais et éthiopiens, l’Égypte a envisagé de développer le reste de son territoire en exploitant les nappes phréatiques fossiles du sous-sol, ce qui l’a amenée à s’opposer au projet de Grand Fleuve artificiel de la Libye, qui pompe les eaux des mêmes nappes, un contentieux avivé par les mauvaises relations entre Le Caire et Tripoli. Dépendante à 97 % du débit du Nil en provenance des pays en amont, l’Égypte fait graviter sa politique actuelle de sécurité autour d’un approvisionnement sûr en eau du Nil. Dans le cadre de sa perception aiguë de sa dépendance des flux du Nil, l’Égypte suit avec inquiétude l’évolution des conflits chez son voisin soudanais, avec lequel elle entretient de très mauvaises relations, au point de menacer directement Khartoum d’un conflit armé en 1995, mais chez qui elle ne voudrait surtout  pas voir les rebelles sudistes, appuyés par l’Érythrée et l’Éthiopie, prendre le pouvoir et risquer de faire sécession, créant un autre État sur le Nil dont la politique serait favorable aux intérêts de l’Éthiopie. L’Armée populaire de Libération du Soudan (APLS), ravitaillée directement par Addis Abeba et par Asmara jusqu’à récemment, menace le barrage de Roseires, sur le Nil bleu, lequel fournit 80 % de l’électricité de Khartoum. Qui plus est, l’Éthiopie et l’Érythrée sont soutenues par Israël. Dans cette optique, le conflit frontalier qui oppose Érythrée et Éthiopie depuis mai 1998 tombe à un moment opportun dans la stratégie égyptienne de contrer ce que Le Caire percevait de plus en plus comme une menace sur le Nil.
Le projet de développement anatolien du GAP est un outil certes économique, mais aussi manifestement géopolitique : tout en fournissant à Ankara les moyens de mieux mettre en valeur  une partie stratégique, mais quelque peu négligée économiquement, de son territoire, il lui permet de mieux le contrôler en sapant la guérilla kurde grâce au décollage économique du Kurdistan, retombée principale escomptée de ces investissements très lourds que le pays assume sans financement de la Banque Mondiale, faute d’entente ni même de réelle volonté de concertation avec les pays voisins. La Turquie poursuit également l’objectif d’établir sa prééminence sur ses deux rivaux syrien et irakien par le biais de sa mainmise sur l’essentiel de leurs ressources en eau, et ainsi de se poser comme la puissance régionale militaire et économique majeure, autour de laquelle graviteraient les républiques ex-soviétiques du Caucase. Les questions intérieures et internationales sont liées, puisque le seul engagement que la Turquie ait bien voulu reconnaître, soit garantir un débit minimal de l’Euphrate de 500 m³ par seconde, impose à la Syrie de ne plus accueillir les rebelles kurdes sur son territoire. La Turquie pourrait même accroître sa prééminence en menant à bien son projet d’aqueduc destiné à exporter de l’eau en Arabie Saoudite et en Israël. Ce projet, appelé « pipeline de la paix », conçu en 1986, aviverait certainement les querelles avec la Syrie et l’Irak si la Turquie allait de l’avant avec la vente d’eau de son plateau anatolien qu’elle dénie à ses deux voisins arabes.
Alors que les Américains promettaient dans les années 1960 de verser des sommes considérables pour acheter l’eau des rivières du nord des Prairies canadiennes (Manitoba, Saskatchewan, Alberta), le gouvernement canadien, appuyé par son opinion publique, a délibérément préféré rejeter ce projet, réapparu lors des négociations sur le traité de libre-échange de 1988, à cause du trop grand déséquilibre perçu qui caractérise les relations entre Canada et États-Unis. En 1995, le gouvernement de la province de Colombie-Britannique a dû recourir à une loi spéciale pour interdire par anticipation toute vente de droit sur des cours d’eau, pour tenter de mettre fin aux pressions de divers groupes américains l’incitant à exporter de l’eau vers le sud. Le différend qui oppose Hongrie et Slovaquie sur le projet de barrage de Gabcikovo est devenu une cause nationale : la crispation du gouvernement de Bratislava sur cette question trouve son origine dans les mauvaises relations qu’il entretient avec Budapest au sujet de la minorité hongroise de Slovaquie, d’une part, et dans les balbutiements du processus de construction d’une identité nationale slovaque, encore à la recherche de symboles rassembleurs, d’autre part : de fait, « en construisant le barrage, les Slovaques réaliseraient, enfin, la grande entreprise nationale de l’avenir » ; quiconque s’y oppose, et notamment les Hongrois, est contre la nation slovaque. C’est cet investissement identitaire sur ce projet de construction national qui conduit au raidissement de la partie slovaque. 
La question de l’eau est de plus en plus envisagée sous l’angle de possibles conflits que pourrait déclencher son inégale répartition entre des pays dont les besoins augmentent très vite. Alors qu’il ne faut pas négliger le potentiel qui demeure pour la négociation et la coopération régionale dans la gestion de ces questions, il n’en demeure pas moins que même les résultats positifs, comme le traité israélo-jordanien de 1994, ne pérennisent pas une harmonie précaire du fait des équilibres démographiques changeants et des évolutions socio-économiques, mais aussi géophysiques, les nappes phréatiques n’étant pas inépuisables.
Il apparaît que la rareté de l’eau ne débouche pas automatiquement sur un litige, même si les relations parfois cordiales ne sont pas nécessairement indice d’une coopération destinée à satisfaire les deux parties, en témoigne le refus du Canada de céder aux demandes américaines de cession de droits d’approvisionnement dans les rivières canadiennes du bassin de la baie d’Hudson ou de Colombie-Britannique. La question de l’eau peut être un élément majeur d’une crispation régionale, comme dans le cas de la question du Nil, mais souvent elle se s’ajoute à d’autres litiges, territoriaux, socio-économiques ou politiques, qu’elle vient exacerber. Ainsi, dans le conflit israélo-arabe, l’eau est-elle le pendant très logique de la question de la répartition des terres et de la pérennité des économies qu’elles supportent ; entre Équateur et Pérou, le conflit armé de 1995 n’est que l’avatar récent d’un litige frontalier ancien, et dont la crise précédente remontait au conflit de 1941 ; même dans le cas de l’Égypte et du Nil, la volonté de prééminence régionale, et donc les objectifs géopolitiques du Caire, ne sont pas étrangers au conflit.
Les tensions produites par la rareté localisée de l’eau se multiplieront, et les gouvernements des pays concernés seront confrontés à des alternatives difficiles. Mais, comme pour la plupart des conflits portant sur des ressources, les crises futures sur l’eau ne se multiplieront pas, suscitées par ce seul facteur de crise : l’eau, ou  plutôt son difficile partage, pour crucial qu’il soit, n’en sera que l’un des éléments.                       
Devant ce constat alarmant, maintenir le mutisme sur la question de l’eau et se contenter du statu quo actuel conduira inexorablement vers un désastre à l’échelle planétaire. Hormis les problèmes liés à son partage, l’eau est devenue, à l’instar de toutes les ressources naturelles, un bien économique plus cher que l’or et qui suscite de plus en plus l’intérêt du privé.
II - L'EAU FACE A LA MONDIALISATION:              

              L’or bleu est devenu un bien économique convoité par les grands groupes privés qui ne ménagent aucun effort pour s’approprier une affaire lucrative en s’appuyant sur les  accords  du  commerce mondial dans un cadre de globalisation. Cependant, si l’eau n’a pas encore de valeur marchande à l’instar de l’or noir c’est qu’elle est aussi un bien de l’humanité autour duquel des sociétés, des cultures et des civilisations ont été érigées et pour lequel les ONG (organisations non gouvernementales), les populations et les gouvernements, quoique impuissants financièrement, tentent de trouver une parade pour sa préservation. 

 21 - Un bien économique:

« Or bleu », « pétrole du XXIème siècle » : les termes utilisés pour qualifier l'eau donnent bien la mesure du chemin parcouru depuis la première conférence internationale sur l'eau de Mar del Plata (Argentine) en 1977. L'eau, bien naturel et public, à laquelle il s'agissait alors de reconnaître à tous le « droit » d'accéder pour ses besoins essentiels, a acquis depuis, aux yeux de la communauté internationale, une dimension économique qui, depuis la conférence de Dublin en 1992, a nettement été affirmée. Sa raréfaction lui a progressivement ôté son caractère de bien public discrétionnaire.
C'est lors de cette même conférence, que la communauté internationale a défini pour la première fois l'eau comme « bien économique », lui reconnaissant, à travers ce principe, une valeur marchande. Un postulat que certains libéraux ont, depuis lors, prolongé jusqu'à penser qu'il serait possible de fixer un prix mondial de l'eau, fonction de l'offre et de la demande, et reflet de la valeur de ce bien économique.
Aux enjeux financiers que posait la raréfaction de cette ressource vitale, on a pensé apporter une réponse classique : celle du marché, les Etats, indigents et inefficaces, devant passer la main à la manne salvatrice des capitaux privés. Cette logique est parfois allée très loin, comme en Angleterre et au pays de Galles, jusqu'à la privatisation généralisée des services d'eau (captage, traitement, transport, distribution). 
Cette politique est en cohérence avec la déréglementation et la privatisation, en cours de généralisation rapide dans le monde, des services publics de base que sont le gaz, l'électricité, les télécommunications, les transports urbains... L'eau est la dernière frontière dans le processus de privatisation à travers le monde. 
Néanmoins, malgré tout, l'eau n'a pas de valeur commerciale intrinsèque: il n'y a pour ainsi dire pas de marché de l'eau en tant qu'échange de biens, au sens où il existe un marché des matières premières, mais seulement un marché des services liés à sa mise à disposition. « En tant que ressource, l'eau n'est pas un bien économique. Mais il faut la conduire jusqu'aux consommateurs, et ce service à un coût qu'il faut couvrir », explique Bernard Barraqué du laboratoire Technique, territoires et sociétés du CNRS, mettant en avant la valeur d'usage de l'eau.   « Le véritable enjeu économique de l'eau porte sur le coût des infrastructures. Ce qui coûte cher ce n'est pas tant l'exploitation que les réseaux de distribution et d'assainissement, lesquels représentent des investissements très lourds qui s'amortissent sur des décennies ».
Si les multinationales ne l’entendent pas de cette oreille c’est que les dispositions de réglementation actuelles leurs attribuent un droit supranational qui leur confère la possibilité de contrôler cette ressource et donc d’en fixer les prix dont ils estiment qu’ils conviendrait aux sommes colossales des investissements consentis.
22 - Les dessous d'un accord:
Le nouveau manifeste du capitalisme mondial s’est concrétisé à travers les droits imprescriptibles du plus fort - ici, les sociétés transnationales - et les obligations draconiennes imposées aux peuples. En effet les multinationales confortées par l’accord multilatéral sur les investissements (AMI) sont en droit de prétendre à l’acquisition de tout projet rentable n’importe où dans le monde ( ou du moins dans les pays signataires) par la bénédiction de l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) qui se vante de défendre la solidité du cadre juridique des échanges. Un tel traité de commerce autorisant les entreprises multinationales et les investisseurs à poursuivre directement en justice les gouvernements pour obtenir des dommages et intérêts en compensation de toute politique ou action publique qui aurait pour effet de diminuer leurs profits n’est autre que l’expression de la puissance des oligarchies et  la relégation des états  au deuxième plan. L’opinion publique, quoi que n’intervenant qu’en dernier lieu a pourtant son mot à dire surtout quand il s’agit d’un problème aussi crucial  que celui de l’eau.
S’agissant de l'accord multilatéral sur l'investissement, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Renato Ruggiero, a assez justement décrit la nature de cet accord: "Nous écrivons la Constitution d'une économie mondiale unifiée."
En réalité l'AMI est en négociation depuis 1995 au sein de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), à Paris. Les 29 pays membres, dont tous les plus riches du monde, veulent d'abord s'entendre avant de présenter aux pays en développement un traité à prendre où à laisser. L'objectif de l'accord est d'étendre le programme de déréglementation systématique de l'OMC aux quelques secteurs vitaux non encore concernés: la localisation et les conditions de l'investissement dans  l'industrie et les services, les transactions sur les devises et les autres instruments financiers tels que les actions et les obligations, la propriété foncière et les ressources naturelles y compris bien sûr les ressources hydriques. Avec patience et agressivité, ils ont fait en sorte que les règles générales en la matière satisfassent leurs intérêts particuliers et assurent l'extension et la consolidation de leur pouvoir sur les Etats.
Si, comme la plupart des traités internationaux, l'AMI établit une série de droits et d'obligations, il se différencie fondamentalement des autres accords: les droits y sont réservés aux entreprises et investisseurs internationaux, tandis que les gouvernements assument toutes les obligations.
Le chapitre clé du traité s'intitule "Droits des investisseurs". Y figure le droit absolu d'investir ou  d’acheter des terrains, des ressources naturelles, des services de télécommunications des devises ou autres,  dans les conditions de déréglementation prévues par le traité, c'est-à-dire sans aucune restriction. Les gouvernements, eux, sont dans l'obligation de garantir la "pleine jouissance" de ces investissements. De nombreuses clauses prévoient l'indemnisation des investisseurs et des entreprises en cas d'interventions gouvernementales susceptibles de restreindre leur capacité à tirer profit de leur investissement. En particulier lorsque celles-ci auraient un "effet équivalent" à une "expropriation, même indirecte". Ainsi, aux termes de l'accord, "la perte d'une opportunité de profit sur investissement serait un type de préjudice suffisant pour donner droit à indemnisation de l'investisseur". 
Les règles relatives aux "expropriation et indemnisation" sont les dispositions les plus dangereuses de l'AMI. Elles donnent à chaque entreprise ou investisseur étranger le droit de contester à peu près n'importe quelle politique ou action gouvernementale, des mesures fiscales aux dispositions en matière d'environnement, de la législation du travail aux règles de protection du consommateur, comme autant de menaces potentielles sur les profits. Ainsi, alors que les Etats pratiquent partout des coupes claires dans les programmes sociaux, il leur est demandé d'approuver un programme mondial d'assistance aux firmes transnationales.
Les règles du traitement national concernent également les privatisations. Ainsi, si une municipalité française décide de privatiser le service de l'eau, ce que la plupart ont d'ailleurs déjà fait, les postulants du monde entier doivent se voir offrir les mêmes conditions d'accès qu'un investisseur français.
 La menace pèse sur la législation de certains pays du Sud visant à promouvoir un développement économique national, par exemple en exigeant des investisseurs étrangers un partenariat avec les entreprises locales ou le recrutement et la formation de cadres nationaux.
Enfin, l'AMI va transformer l'exercice du pouvoir partout dans le monde en soumettant aux directives des multinationales un grand nombre de fonctions actuellement exercées par les Etats, y compris l'application des traités internationaux. L'accord donnera en effet aux entreprises et investisseurs privés les mêmes droits et le même statut que les gouvernements nationaux pour faire appliquer ses clauses. En particulier celui de poursuivre les gouvernements devant les tribunaux de leur choix. Parmi ceux-ci figure le jury arbitral de la Chambre de commerce internationale! Devant des arbitres aussi partiaux, les investisseurs sont assurés d'obtenir les indemnités compensatoires réclamées pour ne pas avoir tiré tous les profits escomptés du traité.
L'eau en vrac aurait été classée comme bien négociable, selon l'O.M.C. et l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena). Toute entreprise canadienne, américaine ou mexicaine aurait pu s'en prévaloir pour exiger de « vendre » de l'eau canadienne ou pour réclamer des compensations financières si on lui refusait ce droit. Déjà, une société californienne, Sun Belt Water, a engagé une procédure de ce genre pour obtenir 14 milliards de dollars canadiens (plus de 10 milliards d'euros) de dommages et intérêts pour refus d'exporter de l'eau de Colombie-Britannique vers le sud des Etats-Unis.
23 - L'or bleu fait l'exception:
La thèse selon laquelle seul le marché serait en mesure de garantir la "paix de l'eau" et d'assurer un équilibre efficace grâce au "juste prix" entre une offre d'eau de bonne qualité (de plus en plus rare) et une demande sans cesse croissante, a fait de nombreux adeptes au cours de ces dernières années. Et pas seulement chez les néolibéraux enclins à privatiser  tout ce qui est privatisable. Pourtant, les leçons que l'on peut tirer des privatisations réalisées, notamment au Royaume-Uni et en France, devraient inciter à la plus grande méfiance. Le prix de l'eau a, en effet, augmenté de 55 % entre 1990 et 1994 au Royaume-Uni, sans que, pour autant, les investissements des compagnies privées aient crû dans les mêmes proportions. Résultat: ces sociétés ont dégagé d'énormes marges bénéficiaires, permettant le versement de rétributions et de dividendes somptueux aux dirigeants et aux actionnaires, alors que les pannes ont considérablement augmenté. Au Maroc, l’état commence à se désengager en cédant l’exploitation des réseaux de distribution de l’eau  potable de Casablanca et de Rabat respectivement à la LYDEC (une filiale de la lyonnaise des eaux) et à la REDAL (société dont le capital est en majorité portugais) ; Le prix du m3 a connu une légère augmentation essentiellement due aux travaux  d’assainissement entrepris, ce qui n’a pas empêché les quelques contestations de la part des ménages survenues essentiellement à Témara et à Mohamadia. Au Canada, c’est pratiquement le contraire qui se produit. En effet, les Québécois ont réussi à imposer un changement de cap aux dirigeants de la province. Le gouvernement de M. Lucien Bouchard, initialement favorable à la privatisation, a dû, en effet, réaffirmer que "l'eau est un bien public qui doit demeurer sous contrôle public ". Un acte encourageant pour tous ceux qui considèrent l'eau comme un bien patrimonial planétaire. Parmi ceux-ci, les membres du Groupe de Lisbonne, qui veulent créer un mouvement international d'opinion en faveur de l'élaboration et de la mise en oeuvre d'un contrat mondial de l'eau. Un tel contrat partirait du principe que l'accès à l'eau potable, bien commun de l'humanité, constitue un droit économique et social fondamental de toute personne, en même temps qu'un droit collectif  de toute communauté humaine.

            Apparaissant souvent comme une dépossession radicale du pouvoir de la collectivité au bénéfice du marché, la formule, dans sa forme extrême, n'a guère fait d'émules. Et là où elle s'est imposée, ses travers commencent à se faire criants et à susciter de vives inquiétudes chez les consommateurs, autrefois simples contribuables, devenus clients. Nombreux pays dont notamment, Le Brésil, l'Inde voient se multiplier des mouvements de paysans qui craignent que les intérêts privés leur confisquent l'accès à ce qui est pour eux source de vie et de travail. Ailleurs, jusque dans les pays développés, des voix s'élèvent pour freiner sa diffusion. A Montréal, dix mille personnes descendues dans la rue ont obligé les autorités québécoises à geler les plans de privatisation d'eau de la ville.
            Force est de constater qu’à travers les premières  privatisations de l’or bleu et les réactions qu’elles ont suscitées, l’idée d’un marché mondial  régulateur n’est pas encore mûre car difficilement acceptable.

Enfin l’eau, bien qu’elle soit convoitée par les multinationales, n’a pas encore de valeur marchande à l’instar de l’or noir car elle est aussi un bien de l’humanité autour duquel des sociétés, des cultures et des civilisations ont été érigées et pour lequel les ONG (organisations non gouvernementales), les populations et les gouvernements tentent de trouver une parade pour sa préservation.  Néanmoins, au stade actuel des choses, c’est à une situation de crise que doit s’attendre la communauté internationale dans les prochaines décennies. Dès à présent,  un certain nombre de précautions s’impose en vue de prévenir l’irréparable. 
III - PRÉÉMINENCE ET NÉCESSITÉ D'UN CONSENSUS SUR L'EAU:
            La question de l’eau interpelle l’humanité et à fortiori les pays du nord qui considèrent cette ressource comme acquise; la timidité avec laquelle est traité ce problème n’est guère réjouissante et n’augure d’aucun espoir pour l’avenir de la planète; seul un consensus régional, voire mondial impartial impliquant public et privé peut préserver un certain équilibre durable et assurer une bonne gestion du potentiel hydrique.
31 - Consensus public-privé:
La World Water Vision, présentée en mars à la conférence de La Haye par le Conseil mondial de l'eau, chiffre les investissements au niveau mondial, pour les 25 prochaines années, à 4 500 milliards de dollars, soit en moyenne 180 milliards de dollars par an. Face à de tels besoins et à l'incapacité des Etats, en particulier ceux des pays en développement, à y répondre, le Conseil préconise d'attirer l'investissement privé et de fixer l'eau à son coût réel, à la fois pour dissuader les gaspillages et couvrir totalement le coût des investissements, au moins en ce qui concerne les villes et l'industrie.
Une approche qui se heurte au principe du droit fondamental d'accès à l'eau, pour tous et sans disparité financière. Mr Riccardo Petrella, conseiller à la commission européenne et professeur à l'université catholique de Louvain relève que « L'eau, source de vie, ne peut être considérée comme une marchandise. Ce n'est pas parce qu'un service a un coût que cela doit se traduire par un prix de marché ». 
Si ce passage de la notion de contribuable à celle de consommateur, devenu client, a déjà du mal à passer dans l'opinion publique dans les pays développés, l'idée de tarifer l'eau à son coût marchand se heurte à la réalité des pays du Sud, incapables de financer les importants investissements à réaliser, avec une population qui n'a ni l'habitude ni les moyens de payer ce type de services. Les grandes compagnies privées ont un discours rôdé sur le sujet: il serait vain de tenter d'obtenir des profits importants dans l'exercice d'une activité destinée à commercialiser un bien indispensable à la vie, assurent-elles. « Nous sommes plutôt "jugés" sur le rapport qualité coût du service rendu, et sur les moyens par lesquels nous associons la population pour définir avec elle des solutions appropriées », dit Charles-Louis de Maud'Huy, chargé de mission chez Vivendi Water.
Reste que les opérateurs privés n'iront pas investir à fonds perdus. « Plus l'agglomération est pauvre, plus le coût des investissements est élevé du fait de la prime de risque », ne cache pas le même Charles-Louis de Maud'Huy. Et son homologue de la Lyonnaise d'appuyer : « On ne peut gérer des systèmes durables que s'ils s'inscrivent dans des contextes sains. »
Dans ce secteur très capitalistique où les équipements s'amortissent en trente ou quarante ans,« le problème majeur du financement des infrastructures dans l'eau est avant tout un problème de garanties. Les ressources existent, la difficulté, c'est de pouvoir les mobiliser », affirme Guy Leclerc, directeur du département Développement durable de PriceWaterHouseCoopers, qui en appelle à la mise en place d'une structure financière internationale.
32 - Un droit international flou:

De ce tour d’horizon de quelques cas de conflits portant sur le partage de la ressource en eau, il ressort que c’est à une très grande diversité, tant des acteurs que des situations, que l’on a affaire. Cette diversité fait qu’il est difficile d’élaborer un mécanisme général de résolution de ce type de dispute, et ce d’autant plus que le droit international est, à ce sujet, flou et peu homogène.
            En effet, lorsque les États-Unis, à la fin du XIX ème siècle, entamèrent la mise en valeur agricole du sud-ouest, ils commencèrent à dériver le cours du Colorado afin d’irriguer les terres mises en culture. En 1895, le Mexique protesta officiellement, rappelant que les droits d’usage des agriculteurs mexicains en aval étaient beaucoup plus anciens que ceux des américains. Le gouvernement américain conçu alors la doctrine Harmon, du nom du juge Judson Harmon, chargé d’élaborer la position officielle des États-Unis, et selon laquelle « le principe fondamental du droit international est la souveraineté absolue de chaque État, par opposition à tous les autres, sur son territoire ». Cette doctrine de la souveraineté absolue sur le territoire et ses ressources est encore invoquée de nos jours par la Turquie et le Tadjikistan notamment, ce dernier envisageant même de facturer son voisin en aval, l’Ouzbékistan, pour l’eau du Syr Daria et de l’Amou Daria qui traversent son territoire.
D’un strict point de vue juridique, une approche légale pour élaborer d’éventuelles solutions aux conflits hydropolitiques est davantage remise en cause par les positions changeantes des États. Ainsi, en 1959-60, lors d’une autre dispute, avec le Canada cette fois-ci, portant sur le fleuve Columbia, les États-Unis prirent-ils une attitude diamétralement opposée. Soucieux d’exploiter le potentiel hydroélectrique de la rivière Kootenay au Montana, le gouvernement américain proposa au Canada une indemnité pour l’inondation de son territoire qu’occasionnerait la construction du barrage Libby, mais aucune part de la production électrique engendrée par la mise en service éventuelle de la centrale attenante. Le Canada menaça alors de dériver un débit important de la Kootenay vers le Fraser, en territoire canadien. Contestant alors le projet canadien, les États-Unis invoquèrent alors la doctrine de « première appropriation », soit la doctrine invoquée par le Mexique lors du différend sur le Colorado, et que l’Égypte invoque de nos jours pour justifier son droit d’intervenir dans les politiques de développement des pays situés en amont.
D’autres corps de doctrine existent et tentent de définir les droits qui régissent l’usage des cours d’eau. Il ressort que ces doctrines favorisent souvent le pays concepteur de chaque théorie, comme l’Égypte qui préfère la doctrine de l’intégrité territoriale, selon laquelle le pays d’aval a un droit imprescriptible à un débit fixe.
Des travaux de nombreuses commissions juridiques, comme l’Institut de Droit International, l’Association de Droit International, ou la Commission de Droit international des Nations Unies, émerge la notion d’« usage et de répartition équitable », invoquée lors de la publication des Règles d’Helsinki sur l’utilisation des cours d’eau internationaux par l’Association de Droit International en 1966, notion reprise en 1991 par la Commission dans son projet de Loi sur les Utilisations des Cours d’eau internationaux à d’autres fins que la navigation. Mais, outre que la notion de répartition équitable, dans l’éventualité où cette notion aurait force de loi internationale, est elle-même sujette à interprétation et à négociations, elle implique, poussée à son extrême, des changements radicaux dans les économies des États riverains d’un même fleuve. Ainsi, le commentaire général de l’Association de Droit International sur les Règles d’Helsinki prévoit-il qu’un « usage présent et raisonnable peut être reconnu dans une certaine mesure », mais que son poids relatif dans la balance de l’usage équitable peut être dépassé par d’autres facteurs comme « l’existence de productions agricoles alternatives, l’emploi d’un mécanisme d’utilisation archaïque et source de gaspillage et son possible remplacement par des méthodes moins gaspilleuses dans la limite des capacités financières du pays.... ». Dans cette optique, la Turquie, qui envisage de mettre en valeur son potentiel hydroélectrique en Anatolie après que l’Irak et la Syrie aient commencé à exploiter l’eau du Tigre et de l’Euphrate à des fins agricoles, pourrait demander que ceux-ci modifient leurs techniques d’irrigation afin de permettre à Ankara d’avoir un juste accès aux ressources potentielles du bassin de ces deux fleuves. On comprend bien, dès lors, que ces résolutions, bien que présentes dans le texte final de la Loi sur les Utilisations des Cours d’eau internationaux à d’autres fins que la navigation votée par l’assemblée générale des Nations Unies le 21 mai 1997, aient peu de chance d’aboutir à la ratification d’une Loi générale des usages des cours d’eau qui satisfasse tant les pays en amont que ceux en aval : trop de doctrines opposées ont déjà été élaborées, et trop d’incertitudes demeurent quant à la définition exacte de la notion d’usage équitable et aux concessions mutuelles qu’elle implique. Parmi les 3 pays qui ont voté contre le projet figurent deux puissances incontournables pour la résolution des conflits sur le partage de l’eau : la Turquie et la Chine. 
33 - Mesures d'urgence:
           Si tout le monde est unanime, à l’exception bien sûr des groupes privés, sur la place privilégiée de l’eau, laquelle doit être nettement différenciée des autres produits et services, il est   temps de prendre des mesures concrètes susceptibles d’apaiser le stress hydrique qui empoisonne déjà la vie de 1.4 milliards d’âmes.
Une réorientation de la politique économique mondiale, la consolidation des efforts des organismes gouvernementaux et des ONG et une sensibilisation à l’échelle mondiale sont autant de nécessités à même de prévenir les conséquences d’un manque aigu d’une ressource aussi vitale que l’eau.
33.1- Sensibilisation:
          Une journée mondiale  pour l’eau sur les 365 jours que compte l’année est désormais insuffisante pour mener des larges compagnes de sensibilisation. Néanmoins, ces forums ont le mérite de mettre en place une commission mondiale sur l’eau pour le XXI ème siècle, le IIème symposium de l’Unesco sur les eaux transfrontalières, un partenariat mondial de l’eau (global water partnership), un conseil mondial de l’eau et une académie internationale de l’eau pour ne citer que les plus importantes. Malgré leur compétence limitée, ces différentes commissions sont chargées de faire des bilans et d’élaborer des plans de sauvegarde qui tendent vers la préservation d’une ressource qui peut signifier tout sauf l’économie.  
33.2- Réorientation et investissement:
          La solution consiste en la réorientation de la politique économique mondiale en privilégiant les secteurs qui menacent directement l’environnement de l’humanité. Cette vision appelle une économie multidimensionnelle, dynamique et coévolutive avec le monde dans lequel elle s'inscrit, servante des hommes et non pas maîtresse de leur destin.
Une économie multidimensionnelle par la prise en compte des environnements socioculturel et naturel sur lesquels elle est ouverte et qu'en même temps elle porte en elle: d'une part, elle ne se reproduit et ne se développe que par cette ouverture sur des milieux extérieurs où elle trouve ses ressources et un réceptacle pour ses déchets; d'autre part, tout phénomène économique, appartenant en même temps aux sphères sociale et naturelle, en possède les dimensions et se trouve soumis à leurs lois. Interdépendante de ces sphères, l'économie ne saurait enfreindre leurs modes de régulation sans compromettre sa propre pérennité.
                        
Il faut inverser les choix d'investissements. En particulier, cesser de consacrer des dizaines de milliards de dollars par an à la conception, à la construction et au fonctionnement d' "autoroutes" nationales et mondiales de l'information et de la communication qui visent uniquement à satisfaire les appétits de puissance ou de profits des grandes organisations militaires, policières, scientifiques, industrielles et financières du monde, américaines en premier lieu. Avec une partie de ces sommes, disons quelques milliards de dollars chaque année pendant un peu plus d'une décennie, ces 1,4 milliard de personnes pourraient progressivement être dotées des 2,5 à 3 milliards de robinets d'eau dont elles ont un besoin immédiat.
Une autre tendance ayant déjà donné des résultats encourageant au Moyen Orient mérite une vulgarisation par une politique de réduction des coûts. Il s’agit du dessalement de l’eau de mer. La France se présente, du moins pour les pays africains francophones, comme partenaire privilégié  puisqu’elle fait déjà partie des pionniers dans le domaine de la construction des usines, les leaders étant les Américains et les Britanniques. Le seul frein qui existe actuellement n’est autre  que les moyens financiers car, Mais même s’ils ont tendance à baisser, les coûts restent prohibitifs, soit en moyenne 3 à 4 fois plus coûteux en investissement que l’approvisionnement  en ressources naturelles. A titre d’exemple, les pays du Golfe ont déjà dépensé plus de 100 milliards de dollars pour la construction et l’entretien d’usines de dessalement. Né dans les années 50, le marché du dessalement a connu son essor dans les pays du Golfe ou les îles Caraïbes par exemple.
Les capacités de dessalement installées ont augmenté de 800 000 m3/jour en moyenne par an au cours de ces vingt dernières années. De 18 millions de m3/jour en 1993, la capacité mondiale installée devrait atteindre plus de 25 millions de m3/jour en 2004. L’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes unis, le Koweit, la Libye et Bahrein totalisent environ les 2/3 des capacités installées. Le marché des pays du Golfe, même s’il s’est ralenti, demeure de loin le plus important. Mais le Sud-Est asiatique manifeste un intérêt grandissant, surtout pour des besoins industriels.
Le Maroc, pays au long littoral, accuse ses dernières années un manque chronique en ressources hydriques suite aux précédentes années de sécheresse et au phénomène de désertification galopant. Il figure d’ailleurs parmi les pays les plus touchés. Malgré une politique de barrage entamée un peu plus tôt par feu SM Hassan II,  le pays n’arrive plus à concrétiser l’irrigation du million d’hectares de terre initialement prévu. Pire encore, certaines grandes villes du royaume connaissent des pénuries d’eau potable pendant la saison d’été. Une première station de dessalement  de l’eau de mer installée à TAN-TAN en appellera certainement une autre.
Pour prévenir les conflits, d’autres solutions moins onéreuses doivent être envisagées pour lutter contre le gaspillage, notamment pour l’irrigation ou le recyclage des eaux usées.
CONCLUSION:
                  En somme, la raréfaction de l’eau, son inégale répartition et une demande mondiale de plus en plus croissante ont fait de cette ressource vitale un enjeu stratégique de taille. Cependant, bien qu’elle soit  un bien économique convoitée par les grandes multinationales à l’instar de l’or noir, il n’en demeure pas moins qu’elle est aussi un bien vital de l’humanité. Les premières tentatives d’un marché mondial régulateur s’estompent au fur et à mesure que le monde prend conscience des enjeux économiques qu’il suscite et des conséquences désastreuses qu’il engendre sur tous les plans. Cependant, si la tendance actuelle penche vers le sens d’une sauvegarde et d’une réglementation, il est temps de prendre concrètement les mesures nécessaires susceptibles d’apaiser les tensions actuelles, satisfaire le besoin immédiat de plus du quart de la population mondiale et de prévenir les conséquences d’une dégradation soutenue d’une ressource vitale.
            En refusant dernièrement la ratification du traité de Kyoto sur la diminution des gaz à effet de serre, les Etats Unis, pour soit disant des considérations économiques, ont montré une fois de plus leur désintérêt quant aux questions de l’environnement et à l’équilibre de la biosphère dont l’eau se trouve au centre. Cependant la volonté d’un seul Etat aussi puissant soit-t-il résistera-t-elle aux pressions du reste du monde qui n’aspirent qu’à un certain équilibre mondial?