INTRODUCTION
Rares sont les gens qui n’ont jamais assisté ou regardé une
partie de Football. Ce sport Roi qui a conquis le monde trouve ses origines
loin dans l’histoire. On prétend même qu’il pourrait dater de la
préhistoire !Bien sûr pas sous la forme qu’on lui connaît actuellement. En
tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’en France, avant la conquête romaine les
druides jouaient un jeu de balle à l’occasion d’une pratique religieuse. Ce jeu
portait le nom de « SOULE » qui signifie en latin sandale.
Au 18ième siècle,
ce jeu devint un sport scolaire adopté par les élèves, et trouve un terrain
propice à son développement. Mais il demeure non réglementé, et parfois confus,
jusqu’au 26 octobre 1863, date de naissance du football moderne, quand les
capitaines et représentants des clubs de Londres et sa région fondèrent la
FOOTBALL ASSOCIATION et
adoptèrent les règles du jeu.
Depuis,
grâce aux marins Anglais, le football a conquis la planète et tous les peuples.
Ses lois ont aussi évolué et ont été sans cesse améliorées pour faire de ce jeu
une véritable sublimité ; au point que le football ne soit plus seulement
une pratique collective relevant uniquement de la distraction ; il fait
l’objet d’une fascination planétaire, qui se caractérise par une passion que
lui vouent les masses autour du globe entier. Mr. Joseph Blatter, président de la
Fédération internationale
de football est un personnage aussi important que Mr. Kofi Annan, secrétaire
général de l’ONU.
I - LE FOOTBALL ET LES ETATS
L’importance du football pour les Etats vient du fait que celui-ci peut
être un facteur de renforcement du sentiment national et d’émergence du
fanatisme patriotique, ainsi que de son caractère universel surmédiatisé, qui
compte beaucoup pour l’image des communautés et des régimes dans le monde.
1.1 – MOYEN D’AFFIRMATION
ET DE CONSOLIDATION DU SENTIMENT NATIONALE
Les
événements géopolitiques récents ont bien sûr des répercussions sur
l’organisation du football. Mais ce dernier a partiellement rétroagi sur ces
événements, et n’a pas eu un rôle simplement passif.
Ainsi, l’implosion des empires
multinationaux européens en plusieurs Etats a eu pour effet direct la
multiplication des équipes nationales en Europe. Les équipes soviétiques,
yougoslaves, et tchécoslovaque n’existent plus et ont laissé la place à
respectivement quinze, cinq et deux équipes nationales. Il n’est pas innocent
de constater que parmi les premières manifestations de volonté des nouveaux
Etats indépendants figurait la demande d’adhésion à la
FIFA , comme si elle etait aussi naturelle et aussi nécessaire
que celle à l’ONU ; comme si la définition de l’état ne se limitait plus
aux trois éléments traditionnels, un territoire, une population, un
gouvernement, et qu’il faille en ajouter un quatrième : une équipe de
football.
Mais
l’équipe nationale n’a pas été le simple résultat de la création d’un Etat,
elle a souvent aidé à forger la nation. Le football a servi de fédérateur à une
communauté traumatisée ; comme c’est le cas en Croatie : le président
Tudjman lui même a demandé que le club Dynamo de Zagreb abandonne son nom
historique pour prendre celui de « Croatia », déclarant que celui ci
contribue à l’affirmation de la
Croatie , alors que le nom Dynamo aurait signifié aux yeux du
monde occidental que « nous ne nous sommes pas encore libérés de
l’héritage bolchevique et balkanique »
Aussi, lorsqu’en décembre 1995
un match opposa une sélection palestinienne à l’équipe du Variété football club
français avec Platini, cela paraîssait aux yeux des palestiniens comme un pas
de plus sur la route de la reconnaissance qui conduit vers l’indépendance.
Mais le phénomène ne joue pas que pour les Etats naissants. Un sondage publié
par le journal anglais The Economist le 28 mars 1998, fait découvrir que pour
les jeunes britanniques, la raison la plus souvent citée pour être fier d’être
britannique était l’habileté nationale au football et non le souvenir d’un
grand empire ou d’autres motifs davantage liés au sens traditionnel de la
puissance.
Le
football peut précéder la reconnaissance diplomatique, comme le montre
l’exemple de l’équipe du Front de Libération Nationale (FLN) de l’Algérie,
équipe légende, constituée de joueurs se revendiquant algériens. Une tournée
effectuée en 1958 dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie a permis une
reconnaissance symbolique d’une Algérie indépendante de la
France
Mr Issa
Hayatou, président de la
Confédération africaine
de football CAF , a écrit dans un article intitulé l’importance du football
dans les pays africains «comme dans presque tous les pays du tiers monde, le
football est en Afrique un puissant vecteur de l’unité nationale partout
l’union sacrée se fait autour de l’équipe nationale de football, même si des
rivalités politico-ethniques peuvent opposer parfois de façon violents, des
équipes de zones géographiques et sociologiques antagonistes d’un pays» .
La meilleure illustration de l’union d’un peuple autour de son équipe nationale
a été observée au Cameroun en 1994. Dans un contexte politique marqué par la
contestation et de la tension, l’opération « coup de cœur » organisée
par le gouvernement pour recueillir de l’argent pour la préparation des lions
indomptables pour la
World Cup 94 aux
Etats Unis a connu un succès national qui a surpris même les autorités.
Certains citoyens ont même, à l’occasion, sacrifié leurs maigres économies.
Les exemples qui illustrent le rôle joué par le football dans ce domaine ne
sont que trop nombreux. Et les dirigeants des Etats comprennent ceci et savent
l’exploiter.
1.2 –AMPLIFICATEUR DES
PASSIONS NATIONALES
Le football favorise l’amplification et
l’émergence des fanatismes patriotiques, pouvant donner lieu à de brusques
poussées de passions chauvines lors des grandes confrontations footballistiques.
Chaque affrontement prend ainsi toutes les apparences d’une guerre ritualisée
avec forte sollicitation des emblèmes nationaux (hymne, drapeau, présence des
chefs d’Etats). Ceci
s’illustrait bien en ex URSS et dans les pays fédères de l’EST. Ceux qui
suivaient l’évolution du football dans l’ex Union Soviétique n’ont guère été
surpris par l’explosion des nationalismes qui succéda à la disparition de
l’Etat Soviétique en décembre 1991.
A l’occasion
de certains matchs entre’ clubs de républiques différentes, les heurts et les
violences à caractère nationaliste étaient fréquents. Les rencontres opposant
notamment le Spartak de Mousco au Dynamo de Kiev donnaient régulièrement lieu à
des déchaînements, et à des manifestations d’après match . L’une des premières décisions prise
par la
Lituanie , après sa déclaration unilatérale
d’indépendance , fut de retirer ses équipes de football de la ligue
soviétique. Se que fit également la
Géorgie , qui mit très vite sur pied une coupe et un
championnat locaux, et adhéra directement à la
FIFA. Des problèmes du même ordre étaient
fréquents en Yougoslavie. Les haines politiques et les passions
nationalistes se donnaient libre cours dans les stades. Le 13 mai 1990, à
Zagreb (Croatie), le match opposant le Dynamo local à l’étoile rouge de Belgrade
(Serbie) donna lieu à de très violents heurts interethniques (soixante et un
blessés). En Tchécoslovaquie aussi, les supporters slovaques du
club slovan de Bratislava et les partisans tchèques du sparta de Prague
s’affrontaient régulièrement sur fond d’antagonismes nationalistes et
annonçaient la séparation en deux états souverains à venir.
Le
football porte ainsi au paroxysme les crises entre nationalités ; et de
plus se répand l’idée que l’un des attributs de l’indépendance d’un Etat -
nation est précisément l’équipe – nation, dépositaire d’un énorme
investissement symbolique et synthèse des « grandes vertus
patriotiques ». Dans les zones de conflits endémiques ou de
guerre, le football, parce qu’il mobilise des foules et exaspère les
passions, reflète fidèlement la violence des antagonismes. En Israël, par
exemple, les grands clubs sont directement affiliés aux parties politiques.
Dans les territoires palestiniens autonomes (Gaza et Cisjordanie), les
rencontres de football furent interdites après le début de l’intifada, les
autorités militaires israéliennes craignant les éventuels débordements
d ‘après - match. Autre lieu de crise, l’Irlande du Nord.
Comme dans la vie politique, le clivage confessionnel entre catholiques et
protestants se retrouve dans les stades. Un exemple : le club Belfast,
lindfield, où dirigeants, joueurs et supporters sont exclusivement protestants,
n’est pas autorisé, pour des raisons de sécurité, à rencontrer le seul club
catholique de la ville, Clifton ville, sur le terrain de celui-ci, situé en
plein territoire catholique. Les matchs aller et retour se disputent sous haute
surveillance en terrain neutre.
Cette opposition confessionnelle entre
catholique et protestants est une importante caractéristique du football
du Royaume Uni. On la retrouve en Ecosse et en Angleterre, où elle donne lieu à
deux fortes rivalités qui sont à l’origine, en partie, du hooliganisme. Le 2
janvier 1971, à Glasgow, le match entre le club catholique du Celtic et le club
protestant des rangers s’acheva par des heurts extrêmement violents ayant fait soixante-dix
morts et une centaine de blessés. Les autres continents ne
sont pas à l’abri. en Amérique central, en juin 1969, un match opposant
le Salvador au Honduras s’acheva dans la confusion, provoquant la rupture des
relations entre les deux états, suivie d’une déclaration de guerre et de
l’invasion du Honduras par l’armée salvadorienne. A Lima, un but
refusé lors d’un match entre le Pérou et l’Argentine avait provoqué, le 23 mai
1964, une bagarre générale où explosèrent les antagonismes nationalistes.
Bilan : trois cents vingt mort et plus de mille blessés.
1.3 –RELAIS POUR
L’IMAGE DANS LE MONDE :
Le
football a prouvé qu’il pouvait constituer, pour certains états, un formidable
relais pour leur image dans le monde. En effet, le caractère
universel de ce jeu, soutenu par une forte médiatisation et un large public
passionné et accro au football fait des joueurs et des équipes de véritables
ambassadeurs de leur pays. Ainsi, Roger Milla, grâce à sa
légendaire prestation au mondial italien de 1990, a fait connaître le
Cameroun aux quatre coins de la planète. Mr Issa Hayatou a
écrit : « Mes nombreux voyages à travers le monde m’ont
convaincu qu’il n’existe pratiquement pas un seul pays où l’on n’ait entendu
parler de Roger Milla, et donc du Cameroun, puisque sur ce plan l’un
s’identifie désormais à l’autre. même trente ans de diplomatie active n’avaient
pas réussi à donner un tel résultat ».
L’exemple le plus illustrant est celui des pays de Amérique
de sud. Ne connaît-on pas l’argentine surtout à travers Maradona ? le
Brésil à travers Pelé, Romario, Ronaldo,… ? Malgré ses limitations, on
sait ce que les performances et le style de l’équipe du Brésil apportent comme
plus- value d’image à ce pays sur la scène internationale.
N’allons pas aussi
loin ; lors de la coupe du monde Mexico 1970, au cours du match Maroc –
Allemagne, lorsque notre joueur national Hommane marqua le 1er but dans les
filets Allemands, tout le monde a cherché à savoir où se trouve le Maroc. Ces exemples montrent bien que le football
est devenu un vecteur incomparable d’image de notoriété internationale, pour
ceux qui pratiquent en vedette (les footballeurs), mais aussi pour toutes les
collectivités que représentent ces footballeurs, qu’il s’agisse de villes, de
régions, ou de nations. C’est vrai pour les villes dont le
football permet, presque à lui seul, de sublimer la réputation internationale,
y compris lorsque le climat et/ou la conjoncture économique et sociale n’y sont
guère souriants. C’est vrai aussi pour les régions qui assurent ainsi leur
promotion, par fois de manière ambiguë, comme c’est le cas en Espagne, où
basques, catalans et galiciens essayent de détourner le football au profit de
leurs thèses et promouvoir leurs régions poussés par un élan de patriotisme
local. Le football a servi aussi comme instrument de promotion
pour des régimes politiques. Le premier régime qui instrumentalisa le
football fut le fascisme de Benito Mussolini . L’Italie
organisa, en 1934, la deuxième coupe du monde qu’elle remporta, ce qui lui
fournit l’occasion d’une action de propagande sans équivalent dans l’histoire.
Mussolini fut le premier à considérer les joueurs de l’équipe d’Italie comme
des soldats au service de la cause nationale. Dans le même ordre
d’idée, le régime communiste de l’ex Union soviétique instrumentalisa le
sport en général, et le football en particulier pour montrer au monde une image
d’un communisme fort et épanoui. Ainsi, le football est peut être
l’une des dernières mises en scène efficaces de la nation et de sa cohésion. On
peut avec une certaine légitimité considérer qu’au-delà des nombreuses
fractures, sociales et autres, le football est l’image de la nation dans le
champ sportif. L’importance du football pour les états est grande, il est
souvent utilisé pour consolider la cohésion nationale et relancer le sentiment
patriotique des peuples. Il est aussi exploité comme relais pour l’image d’un
pays dans le monde. Mais ce n’est pas tout. Le caractère universel
du football et la passion qu’il génère feront de lui un jeu et un grand
business qui ne manque pas d’enjeux.
II - LES ENJEUX ECONOMIQUES DU FOOTBALL
Pour analyser l'enjeu économique international du
football, il sera procédé d'abord à une approche macro-économique en
montrant que l'on peut considérer le football et plus précisément la
Fédération Internationale de
Football Association (FIFA) comme une multinationale aux enjeux planétaires,
puis dans la seconde partie, plus micro-économique, on reviendra à l'échelle du
club, pour constater que celui-ci a de plus en plus besoin d'adopter une
stratégie de développement international.
2.1 - UNE
MULTINATIONALE AUX ENJEUX PLANETAIRES
Le football a connu un développement international
rapide ;le football britannique s'organise très rapidement et, très vite,
des industriels s'y intéressent et créent de toutes pièces des équipes. Dès
1888, le premier championnat professionnel se disputait en Grande-Bretagne.
Parallèlement à cette structuration au Royaume-Uni, le football s'exporte par
les étudiants venus faire leurs études dans les collèges britanniques. Ils
rentrent ensuite chez eux, un ballon de football dans leurs bagages; il se
développe également à partir des missions commerciales et des compagnies
britanniques qui participent à la construction des chemins de fer en Amérique
du Sud et des entrepôts frigorifiques en Argentine. Dès le début du XXème
siècle, le football était présent en Europe, sur le continent asiatique, au
Pakistan, en Inde, et sur le continent d'Amérique du Sud, et la
Fédération internationale
est créée en 1906. Si son développement rapide hors du Royaume-Uni lui confère
son caractère international, son organisation donne au football l'allure d'une
multinationale.
Au
sommet de l'organisation, on trouve la
FIFA puis les
Confédérations ou Associations de football de chaque continent, et enfin les
Fédérations et les ligues de football des pays.
Il
s'agit donc d'une structure de type pyramidal où, théoriquement, les dirigeants
à chaque niveau hiérarchique sont les représentants des pratiquants de base.
Au
début du siècle apparaît le salariat comme mode d'exercice de cette activité.
Le football reste un jeu, mais, il devient aussi une activité professionnelle
Depuis 1950, c'est la commercialisation de ce spectacle à l'échelle de la
planète qui caractérise le monde du football et le monde du sport en général,
avec l'internationalisation des compétitions (les coupes européennes datent du
milieu des années cinquante), leur médiatisation et la pénétration de capitaux
extérieurs à la sphère sportive de plus en plus importante , ce qui a eu comme
effet la croissance du nombre de pratiquants.
Celui qui compte le plus
grand nombre de footballeurs est le sous-continent asiatique avec 75 millions
de pratiquants. Le marché européen étant arrivé à une phase
de saturation, le football a besoin de se développer sur d'autres continents.
Le choix des Etats-Unis pour organiser la
Coupe du monde
de 1994 répondait à cet objectif. Mais, malgré l'engouement que celle-ci a
généré, le football a du mal à y concurrencer les sports traditionnels que sont
le base-ball, le basket-ball et le football américain. Cependant, l'immigration
des Mexicains et la forte hispanisation du sud des Etats-Unis peuvent favoriser
le développement du football sur cette partie du continent.
Le
choix du Japon et de la
Corée du Sud
pour organiser la
Coupe du monde
de 2002 répond au souci de développer le football en Asie avec, en perspective,
la conquête du monde chinois.
Pour
alimenter cette croissance, le football a besoin d’événements et de spectacles
planétaires. La principale mission de la
FIFA est
d'assurer le développement et l'expansion du football. Pour cela elle organise
de plus en plus de compétitions. Aux deux compétitions traditionnelles, la
Coupe du monde
qui s'est déroulée pour la première fois en Uruguay en 1930 et le Tournoi
olympique, sont venus s'ajouter le championnat des moins de vingt ans, celui
des moins de dix-sept ans, le championnat du monde féminin et le championnat du
monde en salle. Le pouvoir que possède la
FIFA aujourd'hui
ne permet pas de soutenir la thèse affirmant que l' on a affaire à une
cartellisation du football. Cela est sans doute plus vrai à l'échelle
continentale et nationale. On peut ainsi considérer que l'UEFA ou la
CAF sont des
cartels qui organisent des compétitions à l'échelle des continents, dans le but
d'accroître le profit collectif de l'ensemble des clubs participant à la compétition.
Le pouvoir de la
FIFA vient du
monopole qu'elle détient sur les événements qu'elle organise. Celui-ci commence
avec le choix du pays organisateur. À l'exception du Tournoi olympique, la
FIFA décide du
lieu où se déroulent ses compétitions, ce qui lui confère un pouvoir non
seulement politique, mais aussi économique. En effet, si le football est une
pratique pour 160 millions de personnes, c'est aussi un spectacle de plus en
plus diffusé. Ainsi, trente-sept milliards de personnes, en audience cumulée,
ont regardé la
Coupe du monde
1998 à la télévision, faisant de cet événement le plus médiatisé de la planète,
largement devant les Jeux olympiques ( 19 millions de téléspectateurs pour les
Jeux de 1996).
Le
pouvoir de la
FIFA s'exerce
ensuite par les contraintes qu'elle impose au Comité d'organisation. Sans
entrer dans le détail de l'organisation, rappelons que pour 1998, celle-ci fut
à la charge du Comité français d'organisation (CFO). Celui-ci n'avait que des
pouvoirs limités. En effet, la FIFA a encaissé les droits
de télévision et la majeure partie des recettes du sponsorisme. La gestion de
ces droits est confiée à une société, International Sports Leisure (ISL),
société créée, en 1983, par Horst Dassler, fondateur d'Adidas, et basée à
Neuchâtel en Suisse. Le Comité d'organisation n'avait le choix que des
partenaires nationaux.
Le
compte de la
Coupe du monde
1998 fait apparaître une recette qui equivaut à 2,7 milliards de Dirhams (MDH)
pour la
FIFA. Celle-ci provient
pour 130 millions des billets d'entrée: il s'agit d'un forfait négocié par la
FIFA avec le
CFO, la différence entre le forfait et les ventes allant au Comité
d'organisation. Les droits de télévision représentent 1,26 MDH. C'est un
montant assez faible comparé à celui qu'a obtenu la
FIFA pour la
Coupe du monde
de 2002 : 7,8 MDH, et celle de 2006 pour 9 milliard. Ceci s'explique par
le fait que le contrat pour 1998
a été signé
en 1988 à une époque où la concurrence entre les chaînes était plus faible. La
troisième catégorie de recettes est constituée par les sponsors et la
publicité. Elle est évaluée à 660 de millions de Dirhams. Les douze sponsors
officiels sont tous des firmes multinationales intéressées par le vaste
gisement d'audience que constitue une Coupe du monde de football. Par ordre
alphabétique, les douze sont: Adidas, Budweiser, Canon, Coca-Cola, Fujifilm,
Gillet te, JVC, Master Card, McDonald's, Opel, Philips, Snickers (Mars). Chacun
verse environ 900 millions de Dirhams sur quatre ans pour bénéficier de
l'exploitation mondiale de l'événement. Le bénéfice de la
FIFA est estimé
à 40 % de ses recettes, soit plus d’un MDH. Il sera réparti pour 30% au
Comité d'organisation et pour 70 % aux trente-deux équipes qualifiées, au
prorata des matchs joués. La masse financière qui est drainée par
le football sur l'ensemble de la planète est estimée à 2250 milliards de
Dirhams, soit l'équivalent du budget d’une grande puissance mondiale.
2.2 - LE
DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL : UNE NECESSITE POUR LES CLUBS
Un club professionnel est une petite entreprise qui ne peut
pas se développer sur son simple marché national. Il faut qu'il s'ouvre de plus
en plus aux compétitions internationales. Cette ouverture accroît ses revenus
mais, pour participer à des compétitions internationales, les clubs doivent
être de plus en plus compétitifs et pour cela ils ont besoin de capitaux...
La
principale source de revenus provient des droits de télévision. Le football
arrive en tête des émissions préférées par les téléspectateurs dans presque
tous les pays et les records d'audience des émissions sportives sont détenus
par des matchs de- football. Certains événements comme des matchs de
finales peuvent même occuper les premières places, toutes émissions
confondues. De ce fait, le football occupe la première place dans les grilles
de diffusion du sport sur les chaînes de télévision. Prenons quelques exemples:
En Italie le match de la
Coupe du monde
qui opposait l'Italie à l'Argentine juillet 1990 occupe la première place du
classement des meilleures audiences des dix dernières années avec 27,5 millions
de téléspectateurs et 87,2 % du marché. Les neuf autres places sont occupées
par des matchs de football. En Allemagne, les chaînes de télévision ont diffusé
3 685 heures de football en 1996. Ce sport arrive largement devant le tennis (2
152 heures), les sports mécaniques (I777 heures), le cyclisme (769 heures) et
la boxe (681 heures).
En
général, dans la plupart des continents, depuis 1994, le football occupe très
largement la première place des sports diffusés à la télévision. En effet,
détrôné par le tennis au début des années quatre-vingt-dix, le football est
redevenu le premier sport télévisé avec deux fois plus d'heures que son suivant
immédiat. En terme d'audience, les premières places des émissions de sport sont
occupées par les matchs de football, et en 1997, c'est le tirage au sort de la
Coupe du monde
qui a réuni le plus grand nombre de téléspectateurs. Viennent ensuite quinze
autres matchs de football avec plus de 7 millions de téléspectateurs.
On constate donc, non seulement que les matchs de football génèrent les plus
fortes audiences sportives, mais aussi que ces matchs concernent le plus
souvent des compétitions internationales. On comprend donc l'enjeu que
représentent ces matchs pour les chaînes qui y voient un moyen d'assurer une
audience importante ou qui utilisent le sport en général et le football en
particulier comme produit d'appel pour attirer les abonnés à leurs réseaux.
Elles sont prêtes à payer de fortes sommes pour s'en assurer l'exclusivité,
Dans certains cas, c'est même une véritable guerre économique et juridique que
se livrent les chaînes, comme ce fut le cas en Espagne. Les deux bouquets
numériques espagnols, Via Digital (Telefonica) et Canal Satellite (Canal Plus
Espagne) ont attendu la fin du mois de novembre 1997 pour conclure un accord
afin de diffuser, dans des conditions d'égalité parfaite, les matchs de
football que les chaînes traditionnelles n'auront pas retenus pour leurs
diffusions hebdomadaires.
Ces
guerres bénéficient aux clubs qui voient augmenter sensiblement les sommes qui
leur sont versées, aussi bien pour les matchs de championnat que pour les
matchs internationaux. Ainsi, le football anglais et espagnol a multiplié par
cinq ses recettes télévisuelles en deux ans, tandis qu'elles doublaient dans
les autres pays. Si la structure du paysage audiovisuel de chaque
pays et les rivalités concurrentielles existant non seulement entre les chaînes
d’un même réseau, mais entre les systèmes eux-mêmes (hertziens, numériques,
câblés) expliquent le montant global des droits, la stratégie des clubs permet
de définir les règles de répartition entre eux.
Face
aux recettes que constituent les droits de retransmission, la tentation est
grande pour chaque club d'en négocier individuellement le montant. Se trouve
alors posée la question, classique en économie du sport, du propriétaire des
droits et l'objectif qu'il recherche. Les droits appartiennent-ils
au club ou à la ligue qui organise les compétitions ?
Dans
une logique de maximisation de leurs revenus, les clubs les plus forts sont
tentés de négocier seuls. Ils peuvent même être tentés de créer leurs propres
chaînes de télévision comme le souhaite le Bayern .de Munich. Dans une logique
de maximisation des revenus de l'ensemble des clubs, ceux-ci sont incités à se
regrouper, constituant ainsi un cartel qui négocie au nom de tous et répartit
ensuite la masse selon des règles définies à l'avance. Mais les fédérations,
qui détiennent les droits des championnats nationaux, n'ont pas intérêt à voir
se développer une super Ligue européenne qui les priverait d'une partie des
recettes en provenance de la télévision.
L'importance des enjeux incite alors certains groupes de
communication multimédias à jouer sur les deux tableaux et être à la fois
diffuseurs et propriétaires de clubs. C'est le cas du groupe Fininvest de S.
Berlusconi, propriétaire de l'AC Milan, et de Canal Plus. La
participation à une compétition internationale n'accroît pas seulement les
recettes en provenance des chaînes de télévision. En effet, par un effet de
synergie, l'audience qu'offre une retransmission télévisée attire les sponsors.
Les sommes qu'ils sont prêts à verser à des clubs qualifiés, ou susceptibles de
se qualifier pour les compétitions internationales, augmentent sensiblement.
Les entreprises multinationales voient ici l'occasion de développer leur stratégie
de communication internationale. C'est ainsi qu'Opel est sponsor du PSG, du
Bayern de Munich, de l'AC Milan et de la
Coupe du monde,
ou que le groupe Sony est présent sur les maillots à Montpellier, Bordeaux,
Nantes, possède des panneaux sur presque tous les stades et sponsorise la
Ligue des
champions. Participer à une Coupe d'Europe constitue une
manne non négligeable. Ainsi, pour la saison 1996-1997, les deux clubs
finalistes de la
Ligue des
champions ont perçu de l'UEFA respectivement l’équivalent de 130 millions de
Dirhams pour le Borussia de Dortmund, et 120 millions pour la
Juventus de
Turin. La participation aux matchs de groupe garantissait à chaque club 21
millions de Dirhams auxquels venaient s'ajouter 16,8 millions de Dirhams pour
une qualification aux quarts de finale, 18 millions de Dirhams pour disputer
les demi-finales et 24 millions à chaque finaliste. Au total l'UEFA a distribué
882 millions de Dirhams aux seize clubs qualifiés pour la
Ligue des
champions. Aussi, pour être compétitifs, les clubs doivent aligner
les meilleures équipes possibles. Depuis l'arrêt rendu par la
Cour de justice
des Communautés européennes le 15 décembre 1995 dans le cadre de l'affaire
Bosman, le football n'est plus considéré comme un phénomène particulier, mais
comme un phénomène économique doté d'une logique commune, et les sportifs,
comme les autres salariés, peuvent circuler librement à l'intérieur de la
Communauté européenne.
Cette libre circulation
pouvait difficilement s'appliquer à une partie seulement des membres de l'UEFA,
aussi celle-ci a-t-elle décidé d'appliquer la nouvelle règle à l'ensemble des
fédérations nationales relevant de son autorité. Il s'en est suivi un vaste
mouvement de footballeurs attirés par les rémunérations alléchantes offertes par
les clubs les plus riches. Les clubs français, incapables qu'ils étaient de
pouvoir offrir les mêmes rémunérations à leurs vedettes, ont été les
principales victimes de ce mouvement. Les dirigeants du football français
mettent alors en évidence une situation de concurrence inégale face aux clubs
étrangers, tant au niveau de leurs ressources que par rapport à la situation
fiscale et sociale. Ainsi, pour un salaire mensuel de 100000
F , les charges patronales s'élèvent à 55000
F en France
contre 3610
F en Italie
et un peu plus de 5
000 F en
Allemagne et en Espagne! Mais ces chiffres traduisent une protection sociale
des joueurs différente. Dans le cas français, le joueur est salarié et
bénéficie de ce fait d'une forte protection sociale, y compris en cas d'accident,
alors que dans les autres pays, le sportif doit contracter des assurances tant
pour la couverture des risques maladies et accidents que pour sa retraite.
L'harmonisation
des systèmes de protection sociale et des régimes fiscaux n'étant pas encore réalisée,
les inégalités entre charges vont demeurer non seulement entre les clubs
d'Europe mais entre tous les clubs de la planète. Les pays moins développé
constituent alors un réservoir de main d’œuvre dans lequel les grands clubs
vont s'approvisionner. Compte tenu de leurs qualités athlétiques et techniques,
les Africains et les Brésiliens offrent de perspectives de plus-values
intéressantes. À chaque transfert, les agents des joueurs
encaissent des primes substantielles et certains changements de clubs apparaissent
plus comme un moyen d'accroître les revenus des agents que comme des réponses à
un réel problème sportif. Le vaste exode des sportifs des pays en
voie de développement vers les pays développés concerne actuellement plus de
700 joueurs brésiliens et les clubs affinent leurs stratégies de recrutement en
organisant de véritables réseaux. À cet égard, citons le projet africain du
Paris-Saint-Germain d'ouvrir un centre de formation au Burkina Faso. Ce centre
de formation verrait passer à peu près 6 000 jeunes joueurs de moins de
quatorze ans, issus de tous les pays limitrophes du Burkina Faso (Mali, Niger,
Nigeria, Mauritanie...). Seuls les meilleurs émergeraient et iraient en
Tunisie; ils seraient entraînés au centre de formation de l'Espérance de Tunis
et iraient ensuite à Genève, où le PSG a signé une convention avec le Cervette.
Enfin, le ou les deux ou trois joueurs susceptibles d'évoluer dans l'équipe
première du PSG se retrouveraient à Paris Bien évidemment, derrière ce schéma,
il y a une interpénétration, très forte entre les intérêts du PSG et les
intérêts de Canal Plus. Notons enfin que les grands clubs sont de
plus en plus tentés par la recherche de capitaux sur les marchés financiers et
pour cela ils cherchent à être côtés en bourse. Vingt clubs britanniques le
sont déjà, les clubs italiens vont l'être ainsi que des clubs hollandais et
portugais. Si les clubs de football sont, malgré leur forte notoriété plus
comparable en termes de chiffre d'affaires à des PME qu’à des firmes
multinationales, il est incontestable que les placements en valeur de sport se
développent et intéressent de plus en plus les investisseurs. Enfin,
il faut noter que les compétitions internationales, du fait de leur grande
médiatisation, accroissent la notoriété des clubs, des villes et des
partenaires qui les soutiennent. Ceux-ci bénéficient également de l'image
véhiculée par le sport : dynamisme, combativité, sport de compétition, jeunesse…
Ainsi, la fin de ce siècle est marquée par l’intrusion assez
brutale de la sphère économique dans le football. La participation du secteur
boursier et bancaire est en continuelle croissance.
Lorsqu’on
sait que le transfert de l’international français Zineddine Zidane s’est
effectué à plus de 70 millions de dollars, que des joueurs de football touchent
plus de 40 milles dollars par semaine, on peut avoir une idée sur l’énorme
enjeu économique de ce « jeu ». Mais les enjeux cachés dans le
football ne sont pas seulement d’aspect économique, derrière l’événement,
derrière le match, se trouvent de nombreuses éxploitations stratégiques pouvant
être investies à plusieurs fins.
III- FOOTBALL ENTRE POLITIQUE ET DIPLOMATIE :
Le football fait partie de la
politique. Sa présence est sentie à tous les niveaux. Il peut être utilisé
comme support de propagande, ou comme outil diplomatique. Il peut être aussi un
catalyseur de conflits ou une source de réconciliation.
3.1- DANS LES
GRIFFES DE LA PROPAGANDE POLITIQUE
Les sports de masse, et en particulier le football,
permettent ; surtout dans les pays où la communication reste contrôlée par
le pouvoir, de rassembler des partisans pour exprimer collectivement une position
politique. Ils fournissent une occasion de forcer, d’obliger la télévision –
nécessairement présente – à diffuser en direct un contre message à l’adresse du
pays ou du monde entier.
Les
gens qui suivent la ligua espagnole, se souviennent des derniers événements qui
ont eu lieu avant le coup d’envoi du match opposant le FC. Barcelone et le Real
de Madrid en mars 2002, lorsque deux sympathisants de l’anti-mondialisation ont
pénétré au terrain et se sont enchaînés aux buts sous les objectifs des caméras
de télévision qui étaient là pour couvrir le match.
Aussi,
massés dans le stade d’Alger pour assister à la finale de la coupe, des
milliers de spectateurs criaient à l’unisson : « l’armée, le
peuple, avec Madani ! », sans rapport avec le football. C’était en
avril 1990, avec les grandes manifestations du front Islamique du salut(Fis) et
alors que les médias officiels minimisaient l’influence de M.Abbassi Madani.
Comme
il a été mentionné auparavant, le premier régime qui instrumentalisa le
football fut le fascisme de Benito Mussolini. Les fascistes ont développé
l’idée que « le football permettait de rassembler dans un espace propice à
la mise en scène, des foules considérables ; d’exercer sur celles-ci une
forte pression et d’entretenir les pulsions nationalistes des masses »
En
1934, la 2ème édition de la coupe du monde de football eut lieu en Italie, et
fut l’occasion d’un déferlement de propagande fasciste. Mussolini présenta la
victoire de l’Italie comme la victoire du fascisme sur les autres idéologies, et
il inspira fortement Hitler qui utilisa de la même manière les jeux
olympiques de Berlin en 1936.
Le
régime fasciste a permis aux sportifs italiens de s’illustrer sur la scène
internationale . dans les années 20 et 30, les stades fleurissent dans toute
l’Italie, comme celui de Turin nommé Benito Mussolini, d’une capacité de
cinquante mille places. Le point ultime sera atteint en 1934 lorsque l’Italie
organisa la seconde coupe du monde du football, avec sur l’affiche officielle
un footballeur le bras tendu. Le président de la
Fédération italienne
de football, le général Vaccaro déclara : « le but ultime de
la manifestation sera de monter à l’univers ce qu’est l’idéal fasciste du
sport. » L’Italie remporta cette coupe. Au lendemain de cette victoire, on
pouvait lire dans le journal II Messaggero : « Au lever du
drapeau tricolore sur la plus haute hampe du stade, la multitude ressent
l’émotion esthétique d ‘avoir gagné la primauté mondiale dans le plus
fascinant des sports. Et dans cette instant où est consacré la grande victoire
– fruit de tant d’efforts- la foule offre au duce sa gratitude. C’est au nom de
Mussolini que notre «équipe s’est battue à Florence ; à Milan et hier à
Rome, pour la conquête du titre mondial. »
En
1938, alors qu’ils avaient remporté la 3ème édition qui avait eu lieu en
France, les joueurs italiens reçus par le duce à Venise revêtirent
l’uniforme avant de poser pour la photographie.
En
1978, la junte argentine voulut faire de la coupe du monde ; qui avait
été attribuée à Buenos Aires avant que cette sanglante dictature ne
s’installe ; la vitrine de son régime. Les voix qui s’élevaient dans les
démocraties pour boycotter cette coupe du monde ne furent pas suivies.
Les
opposants à la junte profitèrent de l’occasion pour procéder à une contre
propagande et exposer au monde entier à travers la presse internationale,
présente pour couvrir l’événement sportif, les tortures et les assassinats de
la junte.
Dans
la même optique, la victoire de l’équipe de RDA sur celle de RFA le 22 juin lors
de la coupe du monde de 1974 qui se tenait sur le sol ouest – allemand, a
été vue comme une victoire du socialisme sur le capitalisme.
3.2 - LE
FOOTBALL ENTRE GUERRE, SANCTION ET RECONCILIATIONS
L’histoire montre que le football a été à maintes reprises au
carrefour entre guerre, sanctions et réconciliations. Comment à ce
stade ne pas évoquer la fameuse « guerre du football » qui a opposé
en 1969 le Salvador au Honduras, à la suite d’une rencontre qualificative de la
coupe du monde en 1970 de la zone CONCACAF (Amérique du nord, Amérique centrale
et Caraïbes) ? le 8 juin 1969, le Honduras bat le Salvador 1 à 0, grâce à
un but marqué à la dernière minute. Les Salvadoriens n’étaient pas au mieux de
leur forme, car des supporters du Honduras avaient organisé un vacarme
international la nuit précédente autour de leur hôtel pour les empêcher
de dormir. Le match retour se déroula dans une ambiance hostile. L’équipe du
Honduras a été même conduite au stade dans un véhicule blindé ; le drapeau
Hondurien qui était au mât était déchiré, et l’équipe a perdu 3 à 0 .
deux supporters Honduriens furent tués et la frontière entre les deux Etats fut
fermée. Des milices armées expropriaient les paysans salvadoriens installés au
Honduras. Le Salvador rompu ses relations diplomatiques avec Tegucigalpa.
Le Salvador l’emporta 3 à 2 le 29 juin lors du match d ‘appui qui eut lieu
au Mexique. Les milices honduriennes se vengèrent de nouveau sur les
expatriés salvadoriens. L’armée salvadorienne attaque alors le Honduras le 14
juillet 1969, une guerre qui a duré quatre jours avant que l’Organisation des
Etats Américains (OEA) obtienne un cessez-le-feu et le retrait des troupes
salvadoriennes.
Dire
que le football était la cause de cette guerre serait exagéré. Mais le ballon
rond fut certainement le catalyseur. En réalité, le Honduras, avec une densité
de dix-huit habitants par kilomètre carré, avait toujours joué le rôle de
déversoir pour le Salvador surpeuplé. Trois cent mille salvadoriens étaient
établis, la plupart illégalement, sur les terres honduriennes aux frontalières
du Salvador. Des tensions très fortes dérivaient de cette situation. Par
ailleurs, le gouvernement du Honduras avait dans la confrontation avec le Salvador
le moyen de refaire une union nationale et de briser la contestation politique
interne.
Cet
exemple montre que le football a été pour beaucoup dans le déclenchement de
cette guerre. C’est vrai qu’il ne fut qu’un prétexte, mais pour être ainsi, il
faut qu’il ait pour la population une énorme importance.
Le
football a également été un moyen de punir la
Yougoslavie. L ’équipe yougoslave a été exclue de l’Euro 1992,
Belgrade était tenue pour responsable de la guerre. Pour la communauté
internationale qui a pris cette sanction, c’était un moyen d’agir
symboliquement mais durement contre Belgrade sans prendre de risques
militaires. La décision a été très durement ressentie par les serbes et
marquait plus que toute autre leur exclusion de la communauté internationale.
De même, en 1998, la
Suède allait
proposer l’exclusion de la
Yougoslavie de
la coupe du monde, si le président Milosevic n’entamait pas des négociations
avec les albanais du Kosovo, où la police venait de faire vingt morts.
Toujours
en Europe ; est-il besoin de rappeler que « le geste brutal du
gardien de but allemand Schumacher à l’égard de l’arrière français Battiston,
au cours de la coupe du monde 1982,
a fait
faire un pas en arrière à la réconciliation entre la
France et
l’Allemagne. de même que le dramatique affrontement entre les supporters
italiens et les supporters anglais au stade de Heysel, à Bruxelles, à
l’occasion d’une finale de la coupe d’Europe, a jeté pendant quelque temps une
certaine ombre dans les relations entre Anglais et Italiens »
Mais
le football peut aussi servir à la pacification. Le 20 mars 1994, alors que le
rôle de la
Forpronu est
contesté par la population bosniaque, son commandant en chef, un général
britannique, organise un match entre le club de Sarajevo et la
Forpronu. L ’objectif est de montrer que Sarajevo vit de
nouveau en paix puisque l’on peut jouer au football.
Le
football peut aussi permettre grâce à sa force symbolique des réconciliations.
Le libérien George Weah, a fait beaucoup pour que l’équipe nationale soit un
élément d’unité dans un pays déchiré par la guerre civile. Son message de paix
était largement facilité du fait qu’il soit une star de football.
3.3 - FOOTBALL
ET DIPLOMATIE
Ayant une importance de plus en plus forte dans les relations
internationales, le football peu jouer un rôle d’accompagnement diplomatique.
L’attribution de la coupe du monde qui aura lieu en 2002
a donné
lieu à une intense bataille diplomatique. Pour la première fois, elle ne sera
pas organisée en Amérique ou en Europe, mais en Asie, comme symbole de sa
mondialisation. Deux pays se battaient pour avoir cet honneur : le Japon
et la
Corée du sud.
L ‘empire du soleil levant est un pays
relativement neuf pour le football, mais celui ci s’y développe rapidement et
le riche Japon est un marché prometteur. Pour le japon, l’attribution de la
coupe du monde était un moyen d ‘affirmer sa prééminence
régionale ; pour la
Corée , de la contester et de permettre la reprise des contacts
avec la
Corée du Nord
dont elle est séparée depuis la fin de la seconde guerre mondiale, après avoir
vécu pendant 1500 ans comme une seule nation. La FIFA décida finalement de partager
l’organisation de cette coupe du monde entre les deux prétendants.
Pour Michel Platini « c’est en fait une décision politique, qui n’est pas
bonne pour le football » c’est
en effet une décision politique ayant pour but de rapprocher le Japon et la
Corée , ennemis traditionnels et entre lesquels ni
l’enracinement de la démocracie, ni la réussite économique n’ont réussi à
refermer les plaies de l’histoire (colonisation de la
Corée par le
Japon à partir de 1910 et utilisation par la force de 200000 jeunes coréennes
pendant la guerre mondiale comme prostituées pour satisfaire les besoin de
l’armée japonaise).
« Si
Joào Havelange veut le prix de la paix, il faut qu’il donne la coupe du monde à la
Corée , la coupe du monde contribuerait à la paix. Il n’y a pas
seulement un but sportif ou économique dans notre candidature, mais aussi un
objectif pacifique » expliquait le docteur Chung Mongo Joo, président de
la fédération coréenne de football, mais aussi vice président de la FIFA.
Joâo Havelange allait d’ailleurs en 1998 proposer au président nord – coréen de
former une équipe unifiée de la
Corée pour la
coupe du monde 2002.
Au
delà du caractère nécessairement mégalomane de la décision de celui qui a
dirigé pendant 24 ans la
FIFA , il faut garder la raison. Si les deux Corée ont
politiquement décidé de se rapprocher, le football pourra être l’un des moyens
mis à leur disposition pour opérer ce rapprochement.
L’amour
du ballon rond, aussi fort soit-il, ne suffira pas à réunifier la
Corée , pas plus qu’à résoudre le conflit Israëlo-Palestinien. La
FIFA ne pourra
pas à elle seule réussir là ou l’ONU, les Etats-Unis, la
Russie , l’Europe, le pape et le monde arabe ont échoué, mais
elle pourra faciliter un processus décidé par ailleurs, en lui fournissant un
environnement favorable. Le football est un moyen symbolique, donc important,
qui peut interférer dans leur processus international. Il ne sera pas la raison
déterminante, mais ne sera pas non plus d’aucune importance.
Lorsque
Jaque Chirac a fait une visite du 11 au 16 mars 1999 dans les quatre pays du
marché commun sud-américain, le Mercosur(Brésil, Uruguay, Paraguay, Argentine)
et en Bolivie pour marquer le retour de la
France sur le
continent Sud-américain, et qu’il a milité pour un rapprochement
Européo-Latino-Américain en rejetant l’hégémonie traditionnelle des
Etats-Unis, il a pris soin d’emmener avec lui Michel Platini.
Pour
améliorer l’image de la
France , le président se sert du football dont il sait
l’importance dans cette région. C’est pour lui un élément de rapprochement
entre la
France et
l’Amérique Latine. Pour preuve, son intervention personnelle auprès de la
Fédération Internationale de
football (FIFA) en faveur de la
Bolivie menacée
d ‘exclusion des matchs éliminatoires de la coupe du monde de 1998 pour
cause d’altitude trop élevée. C’est en héros que le président a été accueilli
par les habitants de la
Paz , où les manifestations de francophilie s’étaient
développées depuis plusieurs mois.
CONCLUSION
Si le football n’était qu’un simple jeu de vingt-deux
personnes qui, pour une raison plutôt obscure, courent après un ballon en cuir,
le tour en serait vite fait et ou ne se demanderait pas comment expliquer la
fascination planétaire dont il fait l’objet. Si le football
n’était qu’une gigantesque machine à sous, il présenterait certes un véritable
intérêt mais cela ne justifierait en aucun cas le culte et la passion que
lui vouent les masses autour du globe entier. Il
est évident que le football est bien plus. Il nous frappe notamment par son
étonnante force identitaire qui a fait de lui, au-delà des appartenances
multiples dont se nourrissent les identités individuelles, l’un des plus forts
vecteurs d’identité nationale. Et c’est à l’occasion d’une manifestation
à la portée véritablement planétaire, comme la coupe du monde, qu’apparaît
clairement la relation entre la football et les nations.
A
l’heure de la mondialisation, le ballon rond est un facteur à part entière des
relations internationales. Il y a une géopolitique du football, faite de
conflits, d’affirmation de l’identité nationale, voire d’exacerbation des
passions nationales. Telle une épidémie, il ravage toutes les
couches de la société, il s’attaque de plus en plus aux femmes, déferle sur
tous les continents. Derniers à résister, les Etat Unis et le japon succombent
à leur tour.
Avec
198 fédérations affiliées, représentant autant de nations, la
FIFA écrase
l’ONU. selon son ex-président, M. Havelange, elle est aussi une entreprise qui
génère 250 milliards de dollars de chiffre d’affaires et emploie, directement
ou indirectement ½ milliard de femmes et d’hommes. Mr joseph
Blatter actuel président de la
FIFA , est ainsi la maître d’un empire sur lequel « le
soleil ne se couche jamais ». Ainsi, le football ne peut être
ignoré par le politicien. Ce jeu revêt une importance considérable dans le
monde. C’est un phénomène de société et donc un aspect de la mondialisation,
qui ne manque pas, et ne manquera pas d’être exploité à des fins politiques et
diplomatiques.